Nom de la série : Slava
Tome : 3
Titre du Tome: Un enfer pour un autre
Scénario : Pierre-Henry GOMONT
Dessin : Pierre-Henry GOMONT
Couleur : Pierre-Henry GOMONT
Maison d'édition : Dargaud
Dans cette ex-URSS des années 90, le chaos de l’économie est contagieux et peut contaminer toute la société ! Ce n’est pas Slava qui dira le contraire… Suite et fin de l’évocation de l’explosion de l’URSS et de ses conséquences pour les russes de tous les jours. Une véritable petite bombe !
La mine est repartie ! Slava se fait mécano auprès de Kostia pour remettre en état ce qui peut l’être. Dans cette ex-URSS des années 90, on a le sens de la débrouillardise. Volodia, un peu cardiaque, aimerait que la mine fonctionne mieux. « Plus on produit, mieux c’est ! » lui a-t-on appris. Malheureusement, sa fille Nina a beau s’échiner à la tâche, plus aucun client ne veut de leur minerai. De là à penser qu’il s’agit d’une opération d’asphyxie lancée par l’oligarque Morkhov, il n’y a qu’un pas. De son côté, Lavrine est devenue une star de la télé mais reste désespérément seul. Lorsque Volodia fait une nouvelle attaque, Nina l’héberge quelques jours et il découvre les toile que Slava peint, le soir. Sûr du talent de son gendre, il l’encourage à exposer et à vendre. De son côté, Nina semble avoir trouvé un mystérieux client sûr et impossible à racheter. C’est alors que Lavrine dérape en direct à la télé. Et comme un malheur ne vient jamais seul…
A écouter l’actuel maitre du Kremlin, la chute de l’URSS serait le pire événement du XXe siècle. Il est vrai que ce monde a été jeté en pâture au capitalisme le plus sauvage et que les gens ont été livrés à eux-mêmes et à ce que l’humanité fait de plus inhumain. Inutile de dire que, plus de trente ans plus tard, le traumatisme est toujours très fort en Russie comme dans les anciennes démocraties populaires ; fussent-elles entrées dans l’Union européenne. Pour mieux faire nous faire comprendre la situation, Pierre-Henry Gomont a imaginé le triptyque Slava. Dans ce 3e et dernier opus, on retrouve les personnages qui ont fait le succès de la série. Lavrine est devenu un homme riche, mais seul. Volodia s’échine à produire un minerai que Nina n’arrive pas à vendre. Slava joue les mécaniciens la journée et les peintres du dimanche la nuit. Mais il est surtout l’indéboulonnable soutien de Nina dans cet immonde chaos qu’est l’économie russe ! C’est alors qu’un rayon de lumière apparaît. Nina a trouvé un miraculeux acheteur ; Slava accepte d’exposer et, contre toute, il vend ! Même Volodia retrouve la santé ! « Nous sommes en Russie et chez nous, les histoires ne finissent pas bien » car le scénariste nous réserve un final explosif, entre rires et larmes. Bien guidé par la voix off de Slava, le lecteur suit chaque personnage, chacune des situations, chaque décision et ses conséquences. C’est extrêmement addictif car les personnages sont très charismatiques et attachants. Ils n’ont pas non plus leur langue dans leur poche. Les dialogues sont savoureux, à mi-chemin entre les Tontons flingueurs et le Parrain. Le même Pierre-Henry Gomont fait le choix d’un trait extrêmement vif pour mettre en image ce triptyque. Ce graphisme au service de la narration apporte un souffle supplémentaire aux intrigues. On sent la violence physique comme psychologique. On a envie de rire à certaines situations tant elles nous semblent caricaturées. On a envie de pleurer devant cette détresse palpable. La colorisation vient parachever ce petit bijou de tragi-comédie noire à souhait.
Slava est indiscutablement une œuvre forte qui laisse des traces chez le lecteur. Une œuvre que je vous encourage à découvrir