Titre du Tome: Succubes 7 Diamante
Une enquéte sur fond d'égalité Homme/Femme. Diamante recherche l'assassin de sa soeur qui naviguait dans les eaux troubles du libertinage et du marquis de Sade. Cette jeune fille bien sous tout rapport ne risque-t-elle pas de se noyer?Paris, 1766. La jeune et jolie Olympe de Gouge est assassinée d’une façon particulièrement atroce.
Lors de son enterrement, sa sœur cadette, Diamante, est abordée par une femme qui lui affirme avoir des informations sur le meurtre. Cette mystérieuse inconnue est sèchement congédiée. Il est vrai que Diamante n’est pas ce qu’on appelle une gentille fille. Elle cache le malheur d’être séparée de sa sœur sous une attitude particulièrement cassante et désagréable. Tout son entourage subit sa méchanceté, de la bonne à sa mère.
Malgré tout, piquée de curiosité, Diamante accepte un rendez vous et découvre que sa sœur appartenait à une société secrète visant à établir l’égalité entre les Hommes et les Femmes. Olympe cherchait à démasquer le grand maitre de la société masculine rivale lorsqu’elle a été assassinée. Pour mener à bien sa mission, elle enquêtait dans le milieu libertin, auprès de Donatien Alphonse François de Sade !
Cherchant à s’affirmer, Diamante, plus habituée à la bienséance, plonge dans ce monde de débauche. Réussira-t-elle à démaquer l’assassin de sa sœur ou sera-t-elle croquée tout cru par le divin marquis ?
Un succube est un démon prenant l’apparence d’une jolie femme afin de séduire un homme pour lui aspirer son énergie vitale. Mais le démon, ici, est tout ce qu’il y a de plus masculin ! En revanche, pour ce qui est de jolies filles, la couverture annonce franchement la couleur et le lecteur est séduit.
On comprend alors rapidement qu’il n’y a rien d’ésotérique dans cet album mais une bonne enquête policière, conduite par des femmes, dans le milieu de la débauche parisienne du XVIIe siècle. L’intrigue est convaincante, les personnages sont complexes et la description de la société française prérévolutionnaire est très réussie. On remarquera notamment un marquis de Sade volontairement provocateur, exposant avec brio sa philosophie.
Rien à redire donc à Thomas Mosdi pour le scénario. Rien à redire, non plus, à l’équipe dessin : Matteo Simonacci au story-board, Luca Sotgiu aux crayonnés, Francesco Mucciacito à l’encrage et Guillaume Lopez aux couleurs. On aurait pu craindre que cette organisation du travail soit négligeable au dessin ; il n’en est rien. Le style est fluide, les traits précis et les personnages ne manquent pas de charisme. Une note particulière, enfin, pour les décors tant ruraux qu’urbains, tant intérieurs qu’extérieurs qui sont très réussis et qu’on suppose être le fruit d’une importante recherche.
Au final, une sympathique enquête policière au XVIIe siècle, dans le monde libertin qui nous rappelle l’âpreté du combat pour l’égalité Homme/Femme et qui donne à voir une philosophie ; celle du marquis de Sade, inconvenante aujourd’hui comme à l’époque.