Nom de la série : Tanis
Tome : 2
Titre du Tome: Le démon de la mer morte
Scénario : Denis Bajram, Valérie Mangin
Dessin : Stéphane Perger
Couleur : Stéphane Perger
Maison d'édition : Dupuis
Les Éditions Dupuis nous proposent la suite de la série Tanis avec un second tome intitulé "Le démon de la mer morte". Ici, les auteurs nous livrent une suite qui ne s’arrondit pas, mais qui s'aiguise : plus sombre, plus intense, et plus vaste dans ses enjeux.
Le deuxième volet de Tanis s’ouvre sur un monde ravagé : les tombeaux d’Atlantis ont subi le courroux divin, le feu céleste s’est abattu, et beaucoup de vies ont été brisées. L’Ancien n’est plus, Sépi et Samudrasen sont morts dans le châtiment, et les Aryanas se sont dispersés. Tanis quant à elle, semble sombrer dans le désespoir.
À peine une poignée d’esclaves ont survécu, libres quelques instants, que déjà de nouveaux bourreaux s’abattent sur eux, les réduisant à nouveau en servitude. Parmi eux, une femme qui fut jadis asservie par les Aryanas refuse de laisser Tanis mourir sans lutter. Ensemble, ces compagnons d’infortune entament un périple vers une terre inconnue, une contrée dominée par les mystérieux “maîtres de la mer salée”, et hantée par des divinités endormies, dont la puissance pourrait décider du destin de tous.
À chaque pas, les survivants découvrent que liberté rime avec danger, que les cicatrices sont aussi bien physiques que spirituelles, et que le masque du pouvoir sacré peut être plus cruel que l’oppression directe. Mais jusqu’où Tanis acceptera-t-elle de se battre quand la lutte elle-même menace de la consumer ?
Le scénario (Bajram & Mangin) joue désormais sur l’extrême contraste entre désolation et espoir obstiné. Là où le premier tome installait les personnages et le contexte mythique, ce tome 2 multiplie les ruptures : moments de flottement où le lecteur partage le désarroi, scènes de chaos brutal qui ramènent au combat immédiat. Le rythme s’affole dans les séquences de fuite ou de confrontation, mais l’album sait aussi prendre le temps de la tension, des doutes, des interrogations morales. L’héroïne Tanis est plus fragile que jamais, non pas par faiblesse, mais parce que le poids des pertes la pousse à interroger ce qu’elle était, ce qu’elle doit être.
Les thématiques de la rédemption, du sacrifice, et du pouvoir absolu (qu’il vienne des dieux ou des hommes) s’entremêlent à un récit d’aventure et de survie. Le contraste ,entre ceux qui acceptent leur sort et ceux qui le refusent, nourrit une tension permanente. Le mystère des “dieux endormis” promet des retournements et semble vouloir rappeler que le surnaturel n’est pas décoratif, mais moteur du destin.
Visuellement, le démon de la mer morte impose son atmosphère avec force. Stéphane Perger déploie des décors massifs, ruines d’Atlantis, paysages ravagés, mers houleuses — qui rappellent combien le monde de Tanis n’est plus que l’ombre de sa grandeur passée. Le trait est souvent acéré quand il s’agit de représenter le désespoir ou la violence, mais aussi capable de délicatesse dans les scènes plus intimes ou les lueurs d’espoir.
La colorisation accentue ces contrastes : les teintes de cendres, d’ocre et de brun dominent les scènes de destruction, tandis que des touches de bleu sombre ou d’argent semblent venir du ciel (ou des divinités), rappels du surnaturel et de ce qui survit encore. La mise en page accélère les moments de danger, enchaînant plans rapprochés sur des visages marqués par la peur ou la colère, et grandes scènes panoramiques pour montrer l’ampleur du désastre.
En définitive, ce Tome 2 de Tanis est une suite qui ne s’arrondit pas, mais qui s'aiguise : plus sombre, plus intense, plus vaste dans ses enjeux. On ressort de cette lecture avec le cœur lourd, mais allumé par l’envie de voir Tanis se redresser malgré tout. Une série qui avance plutôt bien et qui promet sans aucun doute une suite pleine de rebondissement.