Nom de la série : Terres d'Ynuma
Tome : 1
Titre du Tome: Samourai rouge
Scénario : Nicolas Jarry
Dessin : Vax
Couleur : Vincent Powell
Maison d'édition : SOLEIL
Avec Terres d’Ynuma, les éditions Soleil étendent encore l’univers tentaculaire du Monde d’Aquilon, après Elfes, Nains, Mages ou Terres d’Ogon. Cette nouvelle série signée Nicolas Jarry s’aventure cette fois sur le versant asiatique de la fantasy, mêlant spiritualité, folklore japonais et chasse aux démons. Et le résultat s’avère étonnamment convaincant.
Le récit s’ouvre sur le parcours de Mei-Jen, prêtresse du temple Dobushi, et de Zhao, surnommé le « Samouraï rouge ». Leur mission : éliminer les esprits tourmentés et démons qui franchissent le Voile pour troubler le monde des vivants.
Leur première confrontation les oppose à un Yurei des étangs, le fantôme d’une noyée devenue prédatrice. En quelques planches, Jarry installe une ambiance mystique et tragique, portée par un duo complémentaire : Mei-Jen, empreinte de compassion et de sagesse, face à Zhao, guerrier taciturne et redoutable, dont la nature même demeure mystérieuse.
La narration, découpée en chapitres distincts, évoque les structures épisodiques d’un Witcher ou d’un Okko. Chaque mission dévoile un pan du monde d’Ynuma et ses croyances, tout en enrichissant progressivement la relation entre les deux protagonistes. Ce choix d’écriture permet à la série de rester accessible sans nécessiter une connaissance préalable du vaste univers d’Aquilon.
Comme souvent chez Nicolas Jarry, le scénario tire sa force d’un équilibre entre l’épique et l’intime. Derrière chaque créature se cache une tragédie humaine, un rappel que les véritables monstres ne sont pas toujours ceux qu’on croit. L’auteur joue habilement avec les codes du folklore japonais — Yurei, Yokai, esprits de la nature — tout en évitant la simple transposition culturelle. On sent une réelle recherche d’authenticité et une volonté de donner à Ynuma sa propre mythologie.
Graphiquement, Vax confirme tout son talent pour les ambiances médiévales et mythologiques, déjà entrevu dans Samouraï Origines ou La Geste des Chevaliers Dragons. Son trait précis et dynamique sert parfaitement les scènes d’action comme les moments contemplatifs.
Les créatures sont superbes, à la fois inquiétantes et fascinantes, avec sa carrure et son armure, Zhao a un petit quelque chose de Hellboy samouraï, tandis que les décors respirent le Japon féodal sans jamais verser dans le pastiche. L’encrage, fin et soigné, laisse une large place aux couleurs lumineuses de Vincent Powell, dont la palette numérique apporte volume et profondeur à chaque planche. Le duo fonctionne parfaitement.
Si les liens avec les autres territoires d’Aquilon restent encore ténus, Terres d’Ynuma s’impose déjà comme une entrée réussie et cohérente dans cet univers foisonnant. L’approche plus spirituelle et introspective contraste avec la veine épique des précédentes séries, offrant un ton plus posé, presque mélancolique.
L’album séduit aussi par sa mise en scène claire, son découpage aéré et sa capacité à équilibrer action, émotion et mythologie. Le lecteur en ressort avec l’envie d’en savoir plus sur Zhao, ce samouraï à la peau écarlate, et sur les terres encore inexplorées d’Ynuma.
Terres d’Ynuma – Samouraï rouge inaugure avec réussite une nouvelle facette du Monde d’Aquilon. Porté par un scénario solide, un duo de personnages attachants et un dessin somptueux, ce premier tome mêle avec justesse action, mystère et émotion.
Une série prometteuse, à la croisée de la fantasy et du mythe japonais, qui confirme que l’univers d’Aquilon a encore de belles histoires à raconter.
Nom d'utilisateur : LABANDEDU9
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