Titre du Tome: Travis T11 Les Enfants de Marcos
Retour gagnant pour cette excellente série de science-fiction après quelques années de pause. On retrouve avec délectation nos personnages favoris (enfin une partie du moins) embarqués dans une dangereuse aventure dont le contexte politique réaliste fait froid dans le dos. Travis est porté disparu (au point qu’il n’apparait pratiquement pas dans cet album), aussi sa mère fait appel à Vlad Nirky, ancien mercenaire et camarade de Travis, qui coule une retraite paisible au Danemark. En homme d’action, Vlad se lance immédiatement sur la piste de son ami, piste qui le conduit dans un Mexique déchiré par la guerre civile. En effet, les armées privées des narcotrafiquants sont en passe de conquérir les dernières poches de résistances protégées par les soldats de l’ONU. Dans ce contexte de quasi-fin du monde, Vlad va devoir démêler les complexes intrigues où s’affrontent Narcos, multinationales et gouvernements, chacun cherchant à tirer profit de la situation. Même si pour cela, il doit se rendre seul au cœur du territoire contrôlé par le plus cruel des cartels.
Autant le dire d’emblée, l’absence du héros qui a donné son nom à la série n’est pas un problème. J’aime beaucoup Travis mais, soyons honnête, il n’arrive pas à la cheville de Vlad Nyrky (un des personnages les plus bad-ass du monde de la BD) que ce soit en terme de charisme, de personnalité ou d’intérêt dramaturgique. Les auteurs l’ont bien compris car de simple antagoniste de Travis dans le premier cycle, il est devenu un personnage secondaire récurent de la série puis son co-héros quasiment à égalité avec Travis (un peu comme Végéta vole la vedette à Son Goku dans Dragon Ball Z). Rarement un spin-off racontant les aventures en solo de Vlad, passées ou présentes, ne serait autant justifié. Mais tant qu’il tient un rôle proéminent dans la série-mère, il n’y a pas non plus lieu de se plaindre.
Même si je suis un grand fan de Vlad, essayons de rester objectif quant à la qualité de l’histoire en elle-même. Et là bonne surprise, j’ai vraiment apprécié ce début de cycle. Quand je dis que je suis surpris, ce n’est pas parce que Fred Duval nous a habitué à bâcler ses scénarios, mais il est rare de voir des séries aussi longues réussir à maintenir un tel niveau de qualité. Sans parlé de la production BD de science-fiction en générale et de son sous-genre cyberpunk en particulier qui m’a trop souvent déçu ces dernières années et qui ne m’incitait donc pas à l’optimisme. Evidemment, on ne rencontre que peu de surprises, la recette est rôdée mais elle reste très efficace et assez jubilatoire quand il s’agit de voir comment Vlad va se dépêtrer de la situation dans laquelle il s’est mis. Et si cette situation est aussi réussie, c’est que le contexte socio-politique de ce Mexique en pleine déliquescence est aussi réaliste que terrifiant. On est dans ce que l’Anticipation peut faire de mieux, prendre des éléments contemporains (la peur du terrorisme nucléaire, la puissance des cartels de drogues, les multinationales échappant à tout contrôle, la fin des Etats comme en Syrie) pour, en les poussant un peu, aboutir à un contexte certes encore exagéré mais dont on sent bien qu’il ne faudrait pas grand-chose pour qu’il ne devienne réalité.
On retrouve avec plaisir le dessin de Christophe Quet, aussi doué pour croquer des personnages charismatiques que pour inventer des machines cybernétiques à la fois cool et terrifiantes. En plus la jungle mexicaine et les ruines Mayas nous offrent un dépaysement rafraîchissant.
Que du bon pour les fans de
Travis (et encore plus pour ceux de Nirky !).