Nom de la série : Tribune s
Scénario : Vilain Lénaïc
Dessin : Vilain Lénaïc
Maison d'édtion : Vraoum
Passionné de l’instant présent, Lénaïc Vilain nous conte une nouvelle fois une histoire mêlant récit social et personnel. Après « Dans la boîte », c’est le milieu du football et en particulier les gradins du stade Bauer qui vont nous faire vibrer sous la plume de l’auteur à travers ses anecdotes et tranches de vie.
Le Red Star est l’un des plus vieux clubs de foot de France. Ce club mythique évolue malheureusement depuis les années 70 entre la deuxième division et les championnats inférieurs. Situé à Saint Ouen, son stade qui porte le nom de stade Bauer est adossé à un ensemble de logements sociaux et continue à garder cette proximité malgré le temps qui passe. A l’intérieur, la tribune « Rino Della Negra », du nom d’un joueur éphémère de 20 ans qui fut assassiné par les nazis, où se trouve le Kop des supporters. Le plus représentatif est celui des Red Star Fans qui font vivre la tribune par des animations, chants et revendications. Indépendants de la Direction du club, les Red Star Fans n’hésitent pas à s’opposer à cette dernière lorsque les décisions ne lui conviennent pas.
C’est par cette présentation que l’auteur de BD Lénaïc Vilain, également domicilié à Saint Ouen, débute sa BD. Loin des strass et des paillettes, des projecteurs des grands clubs comme le PSG ou l’OM, Lénaïc n’aime pas spécialement le Foot, cela ne l’intéresse pas, lui ce qu’il aime c’est le stade Bauer et le Red Star. Ainsi avec son amie Viva, ils sont devenus de fidèles supporters et ne manqueraient aucun match sans raison. Et pourtant ses liens avec le football ont été compliqués pour Lénaïc. Dernier choisi à l’école, piètre gardien de but, il comprit rapidement que sa place était dans les gradins. Tout d’abord à Fribourg en Allemagne en suivant son père, puis au Parc des Princes pour enfin finir dans l’appartement d’un ami de Viva où depuis la fenêtre du salon on pouvait apercevoir le stade Bauer et suivre les matchs. C’est là que le coup de foudre est tombé, après quelques matchs à la fenêtre, Lénaïc et Viva décident de descendre dans le stade pour voir les matchs et s’imprégner de cette ambiance si particulière. Les cartes d’abonnements vont s’enchaîner et cette année, le duo se fera une joie de revoir le Red Star en Ligue 2 après sa remontée.
A travers cet album tout de vert vêtu aux couleurs du Red Star, l’auteur nous plonge dans l’univers du supporter. Mais attention pas le supporter stéréotypé avec sa pinte, son maillot de foot sur lui ou torse nu sur les grillages selon le moment du match, scandant des chants borderline. Non l’auteur n’est pas de ces supporters-là, il est pacifiste et surtout un amoureux de son club, ses traditions et à travers cet album c’est surtout tout ce côté intimiste qu’il a choisi de nous faire partager, comme l’ambiance des gradins, les déplacements en bus, les débriefs au bar, la fraternité entre supporters.
Cet album va bien au-delà d’un simple livre sur le foot. Là il n’est pas question de résultats, de star, de haine de l’adversaire mais bien au contraire de solidarité, d’amour, d’entraide, un livre à l’image de la mentalité du club, du moins à l’image de l’état d’esprit des fondateurs. Aujourd’hui force est de constater que le club est sous la gouvernance d’un groupe américain, soumis aux diktats des chaînes de télé et du pourvoir mais on continue à lutter dans les tribunes comme le prouve cette banderole installée dans les tribunes du stade Bauer pas plus tard qu’au mois d’août 2024. Une banderole qui exprime toute la ferveur populaire de personnes qui aiment le foot par plaisir le weekend et qui la semaine se lèvent de bonne heure pour travailler.