Nom de la série : Trous de Mémoires
Scénario : Nicolas JUNCKER
Dessin : Nicolas JUNCKER
Couleur : Juliette Laude
Maison d'édtion : Le Lombard
Aborder la guerre d’Algérie n’est pas simple, pourtant Nicolas Juncker réussit à travers l’album « Trous de mémoire » a raconter cette guerre à travers des témoignages, sans prendre parti et en saupoudrant le tout d’une histoire fictive mais bourrée d’humour.
Gérard Poaillat, célèbre photographe et humaniste en Algérie vient de décéder à l’age de 84 ans. Le jour de son enterrement, la foule s’est rassemblée dans le cimetière de Maquerol. Tout le gratin est là, le maire mais aussi le ministre de la Culture. Ce dernier a une idée lumineuse, créer un musée en l’honneur de l’artiste qui sera en même temps un mémorial dédié aux victimes de la guerre d’Algérie. Le maire Patrick Renacci voit en cette initiative un levier pour soulever des fonds à l’UE et l’opportunité de mettre sa ville en lumière et accessoirement par rebondissement une opportunité de prendre un ticket pour les législatives. Dans la foulée, il fait appel à Stéphanie Delbeille-Violette, une jeune historienne pointilleuse, et Wollaert, un artiste scénographe reconnu mais lunaire, pour mettre en scène ce musée. Leur première rencontre est volcanique, la suite de l’aventure également.
Ce nouvel album de Nicolas Juncker est plein de surprises par la multiplicité des ingrédients qui le composent. Tout d’abord par la mise en place de personnages atypiques avec un Maire ambitieux qui pense à la fois à sa carrière politique mais également à la fraternité de rassembler les gens. Il parait être à chaque scène hors sujet, provocant sans le vouloir des situations humoristiques. Stéphanie quant à elle est psychorigide, l’Histoire, c’est l’Histoire et pas question d’y déroger. Jacqueline, la veuve du photographe, ne sait plus où donner de la tête, son quotidien sans cesse perturbé. Et enfin Wollaert, quant à lui, il est dans son monde, il va transformer la villa familiale d’une manière que vous ne pouvez pas imaginer même si la géniale couverture peut vous donner quelques indices. Ces personnages aux antipodes les uns des autres vont être les acteurs d’une comédie dont le découpage de l’histoire ressemble à un théâtre de boulevard. C’est drôle, frais et cela permet d’aborder l’Histoire sous une autre forme.
En effet l’autre sujet abordé qui reste la toile de fond, c’est la guerre d’Algérie. Sujet pas simple à traiter mais l’auteur s’y risque. Il ne va pas rentrer dans les détails mais l’évolution de son récit va lui permettre d’évoquer les répercussions de cette guerre sur notre société actuelle et les descendances familiales, les conflits entre rapatriés et algériens, les non-dits qui se libèrent, et lui donner une manière de rendre hommage aux victimes civiles.
Le dessin de Juncker est agréable, caricatural, dynamique et le tout avec des couleurs qui sentent bon le soleil.
Une Bande Dessinée politique mais pas engagée car l’auteur de prend pas de parti, il laisse dérouler ses acteurs pour à la fois énoncer les faits et surtout faire passer un bon moment aux lecteurs grâce à cette comédie burlesque et tragique.