Nom de la série : Un Berliet en or
Scénario : Fred WEYTENS
Dessin : SKIAV
Couleur : Patrick LARME
Maison d'édtion : Paquet
Juin 1957, un spectaculaire braquage Place Vendôme. A quelques kilomètres, un Berliet et ses conducteurs se préparent à un long trajet pour mener quatre Citroën à Rome. Fred Weyens et Skiav signent une aventure qui nous replonge dans l’âge d’or de la Nationale 7 et des films de gangsters des années 60-70. Une pure merveille !
Pour transférer le bulletin de leur casse, 40 kilos d’or en lingot, Massimo et sa bande se sont associés avec Lucien Bonpain, le patron des transports Bonpain de Montreuil. Le magot doit être caché dans des voitures et le Berliet qui les transporte. Direction : Rome ! Mais, durant le chargement, un lingot fracasse le pied du camionneur. Décision est donc prise de faire appel à Dédé. Le chauffeur, honnête homme, doit donc transporter fissa les poupées russes dans la capitale italienne. Pour être dans les temps, il va devoir faire le trajet sur la fameuse nationale 7 en compagnie de Lucien, qui le relaiera. A la première étape, Lucien, un joli cœur, prend la défense de Sofia, une jolie italienne prise à partie par trois loubards. Malgré leur supériorité numérique, les voyous prennent une leçon de politesse et promettent de se venger. Non loin de là, ce sont trois Italiens qui sont témoins de la scène et qui se demandent s’ils ont bien fait de faire appel à Dédé et Lucien…
Tous les petits garçons ont joué, jouent et joueront au camion. Parmi eux, la marque française Berliet a une place à part. Très présente sur les routes des Trente Glorieuses, la marque tricolore a laissé, à travers le cinéma, la télévision ou les cartes postales, une légende de robustesse, de fiabilité et de style. Il était donc normal que la collection Calandre lui consacre un album. Au scénario. Fred Weytens puise son inspiration dans les classiques de l’époque. Un gang italien réussit le casse du siècle, Place Vendôme et réussit à s’enfuir grâce à un stratagème issu des comics. Vous remarquerez au passage la sympathique mise en abyme. Afin de faire traverser les Alpes à leur butin, ils vont se servir d’une mule : un Berliet porte-voiture et quatre Citroën. Et en guise de conducteur, Dédé, un chauffeur réputé pour son honnêteté. Pas besoin d’être Pierre Tchernia pour apercevoir l’ombre d’un Corniaud. Seulement, nos conducteurs refusent de se laisser marcher sur les pieds et on retrouve un peu de Yves Montand et de son Salaire de la peur. Ils vont avoir à faire à des blousons noirs, mélange de Easy Rider et de Grease. Le tout sur la surveillance de mafieux et de leur parrain. Pour ajouter un peu de piquant, les dialogues penchent un peu du côté de Michel Audiard et on s’attendrait presque à entendre le bruit si caractéristique des revolvers des Tontons Flingueurs. D’ailleurs, on retrouve un côté Bernard Blier dans les traits de Lucien Bonpain. Il faut dire que l’aîné des Volfoni a des traits qui collent à la perfection au style de Charleroi choisi ici par Skiav. D’ailleurs, il n'y a pas que les personnages qui se retrouvent croqués. Les voitures et les camions, et en premier lieu le magnifique Berliet TLM, sont de toute beauté : de pures machines à remonter dans le temps ! Mais Skiav est également un dessinateur de son temps et les courses poursuites gagnent en dynamisme ce qu’elles perdent en linéarité. Les cadrages et la mise en page viennent rajouter un boost d’énergie aux omniprésentes onomatopées. C’est frais, c’est vif et extrêmement agréable, un peu comme une petite ritournelle qu’on prend plaisir à redécouvrir modernisée après plusieurs années d’oubli.
Si les Berliet sont les madeleines de Proust de certains conducteurs routiers, c’est bien à toutes les générations que s’adressent à cet album. Il saura ravir les boomers mais aussi leurs enfants et petits-enfants en les entrainant dans une course poursuite sur des routes et dans un temps inoubliables !