Un dernier tour du terrain

Un dernier tour du terrain est une plongée dans le monde du foot mais vision agent de joueur où le personnage principal va connaître des hauts et des bas.  Un récit touchant, loin des strass et des paillettes qui donne une vision humaine du job avec des effets de bord difficiles à éviter et pas sans conséquences.
 
 
Béni est agent de joueur de football, il gagne bien sa vie, prend soin de lui et a son carnet d’adresses rempli. Comme tout agent, il passe son temps dans les stades et lors d’un match en 1995, il découvre sur le terrain une petite perle du nom de Rafael Fernandez dit Fali qui joue avec l’équipe de Zamora. Mais la vie d’agent n’est pas toujours aussi simple et entraîne de nombreux sacrifices notamment au niveau de la vie de famille. Alors le plus simple pour Béni est d’amener sa fille au stade lorsqu’il en a la garde pour lui faire découvrir l’équipe de Zamora et en particulier Fali. Après le match, Béni va à la rencontre de Fali pour lui proposer d’être son agent. Ce dernier est le premier surpris car il joue en troisième division. Le prochain match en coupe du Roi contre l’Atlético de Madrid va être l’occasion pour Béni de montrer tous les talents de son nouveau poulain, les loups et les propositions de contrats ne vont pas tarder.
 

Voici un sujet qui n’a pas l’habitude d’être traité en Bande Dessinée. Je ne parle pas du football, du jeu, des équipes ou des stars mais des dessous du foot, l’envers du décor, sujet rarement développé sauf peut-être dans le one-shot « Arrêt de jeu ».
Dans cet album, le premier rôle principal est donné à Benito Castanera, agent de joueur parmi tant d’autres. Rapidement les lecteurs vont éprouver de l’attachement pour ce personnage et vont suivre avec impatience le déroulé de sa carrière. Car en effet, cette histoire se déroule sur une vingtaine d’années avec la découverte d’un talent en la personne de Fali puis la chute due à un malencontreux accident qui va mettre fin à sa carrière et va discréditer Béni jusqu’à la renaissance avec le joueur Brésilien Tico Tico. Mais au-delà de la carrière et des choix stratégiques, les auteurs San Roman, Velasco et Rodriguez vont également développer tous les dégâts causés par l’investissement de Béni dans son métier, dans sa passion. L’un des dégâts les plus marquants est au niveau de sa vie de famille où la planche de la page 8 résume à elle seule la situation. Ce métier de requins va aussi mettre en avant qu’il est possible d’avoir de belles amitiés à l’image de Fali qui lui sera dévoué jusqu’à la fin. Pour résumer, le scénario est bien pensé, réaliste et crédible, ce qui permet d’être dans l’histoire du début à la fin.
 

Le dessin et les couleurs de Pedro Rodriguez que j’avais découvert à travers « Omar le navigateur » sont forcément dynamiques et dans la lignée du style espagnol avec des personnages caricaturaux, sympathiques, expressifs. Un auteur à découvrir car principalement connu en Espagne, merci aux éditions Les aventuriers d’ailleurs pour cette prise d’initiative.
Un album qui plaira à la fois aux fans de foot car les noms de grandes équipes ou grands joueurs sont évoqués et ce n’est pas toujours Eric Castel qui gagne à la fin. L’album plaira également à tous ceux qui aiment lire de vraies histoires passionnantes. Au final, la carrière et la vie de cet agent se résument en une centaine de pages, une vie qui passe aussi vite que la lecture d’un album. A méditer.