Titre du Tome: Un homme normal
Jeune trentenaire autiste, Nathan est plutôt bien intégré : bon travail et activités de loisirs. Il a tapé dans l’œil de Mathilde. Mais Nathan porte un lourd secret : il est capable de lire le futur de ceux qui lui sont chers et cela l’épuise. Il va donc tout faire pour éconduire la jeune femme.Mélange des genres pour cet album qui évoque avec beaucoup de justesse l’idée de normalité.
Nathan est un jeune autiste plutôt bien intégré dans la société. Certes, il vit seul mais il excelle dans son travail de programmeur. Et puis, il s'accorde les soirées de loisirs : il pratique le dessin dans des cours de
peinture. Il discute avec Claire, Yvan ou Anna, le modèle. C'est là qu'il fait la rencontre de Mathilde, la fille d'un virtuose du piano. Un jour, elle l'invite à venir écouter quelques compositions du prochain concert de son père. Comme il y a peu de monde, Nathan accepte. Mais au cours de la soirée, le jeune homme plonge dans « ses pensées profondes ». Il a comme une sorte de malaise : il découvre l'avenir et celui-ci est plutôt dramatique. Aussitôt, Nathan se met en tête de protéger la famille de Mathilde et cela l'épuise rapidement. Il s'en ouvre à la jeune fille et lui explique qu’entre eux deux, il ne pourra rien se passer. Seulement, Mathilde est aussi têtue que l'amour qu'elle porte à Nathan et quand Juliette, une autre fille du dessin du cours de dessin vient à disparaître, les talents de Nathan deviennent un atout… et une excuse un rapprochement.
La normalité ! Voilà un mot bien simple pour désigner une réalité bien plus complexe. D'après le Larousse, c'est ce qui est conforme à la norme. C'est aussi, nous rajoute dictionnaire, le « caractère heureux des relations aux autres et à soi-même ». Nul doute que Makyo est parti de cette définition pour imagine
r Nathan. Ce jeune homme a tout pour être normal : un physique avantageux, une intelligence extrême et une bonne place. Mais Nathan est autiste ! Et si cela ne se voit pas, cela perturbe ses relations sociales et amoureuses. Mais là où le scénariste de
Balade au bout du monde ajoute une touche d'originalité totalement bienvenue c'est qu'il confère à Nathan la capacité de voir le futur de la personne qui lui est chère. Cette particularité permet d'ajouter du grain à une intrigue et qui, au départ, tourne à faible régime. C'est ce qui marque le plus la lecture de cet album. Le point de départ est alléchant : un jeune homme autiste en prise avec sa vie sociale et surtout amoureuse. Et puis, le scénariste ajoute une partie fantastique avec un don de divination et tout ce qui va avec : souffrance, fatigue... Mais là encore, cela semble rester insuffisant puisque le scénariste ajoute les tensions familiales de Mathilde, celle de Juliette et, pour couronner le tout une conclusion d'anticipation (ce qui laissait présager, après coup la couverture). L'ensemble donne une impression un peu décousue et se termine un peu en eau de boudin. Heureusement, le dessin de Sasa est complètement à la hauteur et bien dans l'air du temps. Celle qui a grandi entouré de dessin de Corte Maltese trouve le juste milieu entre décors réalistes et cadre minimaliste. De même, les personnages savent se faire extrêmement précis et
expressifs quand cela sert les intrigues. Parfois, ils sont réduits à une simple esquisse. Le choix du cadrage démontre, lui aussi, une parfaite maîtrise de la narration : les nombreux gros plan renvoyant au choix de centrer l'album sur les personnages davantage que sur les événements. Seul bémol, le choix des couleurs de cheveux qui conduit à une confusion entre deux personnages. Erreur que le lecteur comprend très rapidement et qui lui permet de remettre tout dans le bon ordre.
C'est donc un album inégal qui part d'une excellente piste introductive mais qui ne va pas au bout. Un album qui ravira néanmoins les adolescents sur sa définition très juste de la normalité.