Nom de la série : Un père
Scénario : Jean Louis Tripp
Dessin : Jean Louis Tripp
Maison d'édtion : Casterman
Nouvelle incursion dans la vie privée de Jean-Louis Tripp, qui vous fait partager son adolescence au sein de sa famille avec un père plutôt ambigu.
Jean-Louis Tripp est posé dans le salon à côté d’un homme avec une valise. Cet homme est son père, il a soixante-douze ans, nous sommes en 2002 et dans quatre ans, il sera mort. Même si dans son adolescence, Jean-Louis a eu plusieurs fois l’envie de l’étrangler pour qu’il finisse enterré dans le jardin, même si cet homme peu conventionnel passe d’un état respectable à incontrôlable rapidement, cet homme représente toute l’adolescence de Jean-Louis, cette période de sa vie où il a été enfant unique et a reçu pour lui tout seul cette affection qu’il n’a jamais oubliée.
Jean-Louis Tripp, l’auteur de ce roman graphique et également de Magasin Général avec Loisel, est en réalité un grand sentimental, un homme de partage et de cœur. Il n’hésite pas à se mettre à nu, à dévoiler son âme et laisser les lecteurs partager son intimité. Il a commencé par Extase où l’auteur consacre deux ouvrages à sa sexualité puis « Le petit frère » dédié à son frère tué dans un tragique accident. Dans tous ces albums, on voit que l’auteur ne triche pas sur la réalité et qu’il a eu un passé assez exceptionnel avec des anecdotes peu communes au point de se demander s’il n’affabule pas un peu, mais peut-être a-t-il tout simplement l’art de raconter des histoires.
Ici dans « Un père », on met de côté le plaisir d’extase et le côté sentimental de « Le petit frère » pour entrer dans des sentiments beaucoup plus lourds et personnels. Une relation entre un père et sa famille car effectivement dans ce roman la mère et les frères de l’auteur jouent un rôle important raconté par la vision de Jean-Louis Tripp. Ce dernier à travers les 350 pages de l’ouvrage va décrire un personnage pouvant aller de la droiture dans son poste de professeur à l’extravagance lors des voyages à l’étranger dans les pays de l’Est. L’auteur va ainsi dérouler une multitude de scénettes où l’acteur principal va basculer de l’un à l’autre en permanence. Le roman est ainsi construit. Pas de véritable déroulé chronologique mais plutôt un fait, qui part dans une analyse de l’auteur avant de finir au rayon souvenirs, tantôt bon, tantôt mauvais et qui permet de rebondir sur un autre fait.
Pour ma part, ce livre est moins poignant que « Le petit frère » où l’émotion était au max. Ici on a le sentiment de regarder de loin la scène, l’histoire, peut-être simplement que les sentiments de l’auteur ne sont pas aussi forts et cela se ressent. L’autobiographie est toujours un pari risqué avec des hops et des flops.
Graphiquement, on retrouve bien le style particulier de l’auteur Tripp, un découpage facile à suivre avec de grandes cases sur quasiment chaque planche.
Merci à Jean-Louis Tripp de nous avoir laissé une nouvelle fois de plus rentrer dans votre intimité.