Nom de la série : Undertaker
Tome : 8
Titre du Tome: Le monde selon Oz
Scénario : Xavier DORISON
Dessin : Ralph MEYER
Couleur : Caroline DELABI
Maison d'édition : Dargaud
A situation désespérée, riposte désespérée ! Mais que feriez-vous si l’homme que vous devez sauver est votre rival en amour ? Toutes ces questions, et bien d’autres, l’undertaker Jonas Crow va se les poser et surtout devoir y répondre, vite! Car les balles aussi vont vite ! Un 8e album toujours aussi réussi qui vient clore une clore une décennie toute aussi exceptionnelle !
La situation est critique pour le docteur Randolph Prairie. Capturé par les fidèles de Sister Oz, il se retrouve pieds et poings liés, sous la menace d’un revolver. Il faut toute la détermination de Jonas Crow, et une menace terriblement crédible, pour surseoir à l’exécution. Ce n'est pourtant que partie remise et Jonas, Rose et Eleanor en ont bien conscience. Si les deux femmes se barricadent dans la maison du médecin, le croque-mort tente une incursion dans les lignes ennemies. Dans cette ville ruinée et humiliée par la guerre de Sécession, chaque individu va devoir choisir son camp ; au risque de perdre la vie...
« Les gens n’aiment pas les croques morts mais ça tombe bien car moi aussi je n’aime pas les gens ». Voilà en résumé la philosophie de l’Undertaker, le plus célèbre du 9e art, Jonas Crow. Cela fait maintenant dix ans (que le temps passe vite !) que le personnage créé par Xavier Dorison et Ralph Meyer occupe une place particulière dans nos bibliothèques. Pour ce 8e opus, on reprend à l’instant où on s’était terminé l’album précédent. Dans une petite ville du Texas, dévastée par la guerre de Sécession, une femme voulait avorter, un médecin était prêt à effectuer l’opération et le croque-mort avait même été appelé. Sauf qu’une fanatique religieuse avait débarqué et qu’elle avait chamboulé un plan pourtant bien établi en enlevant le médecin, accessoirement l’époux de la bien-aimée de Jonas. Il ne lui faut que quelques pages, mais toute sa détermination froide, pour sauver son rival, le docteur Prairie. Ou du moins lui faire gagner un peu de temps. Pour le reste, on retrouve une intrigue western à l’ancienne et assez classique. Les gentils sont assiégés dans la maison du docteur par une horde de fanatiques prêts à tout, en attendant l’arrivée de la cavalerie. Certes, la péripétie finale rebat quelque peu les cartes mais elle reste un peu prévisible, à mon sens. Qu’à cela ne tienne ! L’important est ailleurs ! Xavier Dorison donne l’impression de vouloir plaquer des thèmes contemporains au XIXe siècle. Bien sûr, il est question de droit à l’avortement, mais également du droit des femmes en général, de leur émancipation et de l’égalité Hommes-Femmes. En deux mots, tout ce que l’actuel locataire de la Maison Blanche exècre. Pourtant, ces thèmes-là ne sont pas si actuels que cela et leur évocation dans cet album n’est absolument pas anachronique. Cela nous rappelle que certaines routes sont plus longues que d’autres et qu'il est toujours possible de tomber sur quelqu’un qui ne fasse faire demi-tour ! Pour autant, le scénariste maitrise son sujet et crée une intrigue qui va crescendo. Ce récit engagé est une nouvelle fois mis en image par Ralph Meyer. Et une nouvelle fois, le dessinateur des Berceuse assassine nous livre une composition de haute facture. Reprenant ce qui a fait le succès de son Undertaker, il multiplie les petites vignettes en insert, sorte de gros plans sur des détails, qui font avancer l’intrigue. Procédé digne des plus grands cinéastes de western ! Mais le dessinateur sait aussi mettre en avant ces personnages. Tous sont magnifiés et magnifiques, quel que soit l’angle de vue et il peut dire qu’ils sont variés et nombreux. Le point de départ de ce diptyque est les retrouvailles entre Jonas et Rose. Là aussi, Ralph Meyer frappe un grand coup avec des dialogues tout en subtilité mais surtout grâce à des corps et des regards qui expriment bien plus que les paroles. Accordons un dernier satisfecit à Caroline Delaby pour son travail de colorisation tout bonnement exceptionnel.
Avec ce 8e tome, l’Undertaker souffle brillamment ses dix bougies. Il poursuit son chemin à travers les États-Unis ravagés par une guerre intestine tout en nous interrogeant sur nos sociétés actuelles. Et quelque chose me dit qu’il a encore beaucoup de choses à nous raconter. Donc longue vie à l’Undertaker !