Nom de la série : Une femme dans la course
Scénario : Morizur Gwenola
Dessin : Duvoisin Marie
Couleur : Duvoisin Marie
Maison d'édtion : Le Lombard
Depuis son plus jeune âge et pour échapper à la réalité, Christine court. Mais dans les années 70, les courses et compétitions sont interdites aux femmes. Un roman de fiction basé sur des faits réels pour dénoncer le patriarcat encore bien présent il y a quelques années.
Eté 1959 dans la creuse, une jeune fille du nom de Christine Rivage court avec sa chienne dans les champs pour rejoindre sa mère qui s’active. Un repas en famille à l’ombre des arbres, jouer avec son ami Marcel et passer du bon temps avec sa mère qui attend un enfant sont les occupations de Christine. Les jours passent et le ventre de sa maman ne cesse de grossir jusqu’au jour où un soir, elles entendent des hurlements dehors, leur chienne vient de se faire percuter par une voiture. Les deux femmes la ramènent à la ferme pour la veiller. Mais cette activité imprévue va précipiter un départ à l’hôpital de la future mère. En effet en pleine nuit, Christine se réveille et voit une mare de sang près d’elle, elle n’aura pas le temps de dire au revoir à sa maman. Restée seule avec son père, Christine passera son temps à courir comme pour échapper au destin
Il n’y a pas encore si longtemps, les femmes n’avaient pas le droit de courir sur longue distance dans les compétitions officielles. Afin de raconter cette aberration, Gwenola Morizur a imaginé le personnage de Christine, une jeune fille de la campagne qui a perdu sa mère très jeune dans les années 60, qui vit à la ferme et dont la destinée fixée par son père est de se marier rapidement. Or Christine a une passion, courir, et un objectif, participer au 3ème marathon de France à Paris.
A partir de cette fiction, L’auteure veut retracer le parcours de ces femmes qui ont changé les règles grâce à leur volonté et leur courage comme Kathrine Switzer ou Chantal Langlacé. Il faut savoir que c’est seulement depuis les JO de 1984 que les femmes ont le droit de participer officiellement au Marathon. Au préalable, il y avait eu Roberta Gibb qui s’était incrustée sur le Marathon de Boston en 1966 (Comme Christine dans ce roman), puis Kathrine Switzer l’année suivante qui avait dû mentir à son inscription pour obtenir un dossard officiel et tout le monde se souvient de cette image qui a fait le tour du monde, où le directeur de course tente de lui arracher son dossard. Dans les années qui suivent, certains marathons comme New York, Boston, Paris se sont ouverts aux femmes, balayant ainsi les excuses que ces dernières n’étaient pas capables de courir 42.195 km par manque de capacité physique, risque de masculinisation ou encore au risque de perdre leur fonction de reproduction.
Un très beau travail réalisé par la scénariste Gwenola Morizur qui a su transformer ces faits en une fiction qui se lit de bout en bout sans être essoufflé par une lecture marathon, un bon découpage qui met du suspense. Je pense pourtant que les auteures auraient pu être un peu plus réalistes dans la course que réalise Christine, qui se passe tranquillement alors que dans la réalité le machisme aurait sûrement été beaucoup plus sévère. L’auteure a su créer un personnage attachant qui est obligé en permanence de se cacher pour s’épanouir dans sa passion mais également dans ses relations amoureuses.
Le dessin est assuré par Marie Duvoisin (qui a signé également « Nos Embellies ») un dessin fluide, expressif, totalement adapté à la lecture.
Merci aux auteures pour cette page d’histoire sportive, ce féminisme justifié qui dénonce le patriarcat. Un très bon moment de lecture.