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VIRGILE VIRGILE

VIRGILE

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Nom de la série : VIRGILE
Scénario : ZIDROU
Dessin : Lucy MAZEL
Couleur : Lucy MAZEL
Maison d'édition : Le Lombard

Faire le choix de mettre fin à ses jours peut être perçu comme un acte de courage. Mais lorsque l’on est tétraplégique, cette option n’est plus envisageable. Reste alors la voie de l’euthanasie, pour ne pas demeurer prisonnier jusqu’à la fin dans un corps que l’on ne maîtrise plus. Virgile a fait ce choix et propose, en compagnie des auteurs, d’inviter tout le monde à ce jour funeste… dans la joie et la bonne humeur.

Avril 2015. Au cri de « Veyron démission », Virgile Dujardin et sa femme Solène participent à une manifestation. Le soleil brille, l’ambiance est joyeuse, tout semble aller pour le mieux, jusqu’à ce que Solène se tourne vers Virgile et lui annonce qu’elle le quitte pour partir avec un autre homme. Une seconde plus tard, elle disparaît, le laissant seul, avec sa banderole, au milieu de la foule. Quelques années plus tard, en octobre 2021, Virgile chute d’un échelle en voulant aider un chat à descendre d’un arbre. Résultat : il devient tétraplégique et se retrouve cloué sur un lit d’hôpital, dont la seule distraction consiste à contempler le plafond et son éternel néon blafard. Isolé, sans épouse, il peut heureusement compter sur ses filles, Camille et Manon, et ses petits-enfants, ainsi que sur ses anciens camarades basketteurs du club royal BCB, qui passent parfois lui rendre visite. Mais les journées restent interminables lorsqu’on est prisonnier d’un corps immobile. Virgile décide alors de fixer un rendez-vous à ses proches, le jeudi 22 août 2022, à la résidence « Le Bois Héros », pour assister à son euthanasie.

Sujet sensible, à la fois sur le plan juridique, religieux et émotionnel, que le scénariste Zidrou aborde ici avec justesse en évitant le mélodrame. Et pourtant, après lecture, force est de constater que Zidrou, épaulé par Lucie Mazel, a réussi à livrer un récit à la fois profond et lumineux. L’album transmet des messages sur les conditions de vie terribles d’une personne prisonnière de son corps mais parfaitement consciente, capable de choisir sa fin. Il évoque aussi les ressentis de la famille et le cheminement vers l’acceptation, parfois au point qu’une petite fille oublie, l’espace d’un instant, pourquoi elle est présente le jour fatidique. Quelques clins d’œil rappellent aussi la législation française, où l’euthanasie reste interdite.
 

En Belgique, où l’accompagnement de fin de vie est reconnu, Zidrou connaît bien la question : un membre de sa famille avait refusé cette option, par conviction religieuse, préférant attendre que le cancer l’emporte. De cette épreuve, Zidrou garde la mémoire des souffrances de ses proches, et imagine à travers cette histoire ce qu’aurait pu être la fin de vie de son père s’il avait choisi l’euthanasie.

Au final, l’histoire de Virgile n’est pas triste : elle est touchante, belle, nourrie par les sentiments d’amitié et d’amour. Les vivants, eux, changent de prisme, et l’accompagnement de fin de vie paraît moins douloureux par l’euthanasie. Cette légèreté est aussi portée par le dessin de Lucie Mazel, dont les couleurs douces et lumineuses, les personnages souriants malgré l’adversité et surtout le charisme mélancolique de Virgile insufflent à l’album une atmosphère singulière. C’est d’ailleurs à partir de ce personnage, né de l’imaginaire de la dessinatrice, que Zidrou a construit son récit.

Une histoire qui se termine mal ou bien pour Virgile, selon le point de vue. Mais avec une certitude pour les lecteurs : celle d’avoir vécu une lecture intense, sensible et profondément personnelle, qui résonnera chez beaucoup d’entre nous.

A propos du chroniqueur

Nom d'utilisateur : LABANDEDU9

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