Nom de la série : White only
Scénario : Julien FREY
Dessin : Sylvain Dorange
Couleur : Sylvain Dorange
Maison d'édtion : VENTS D'OUEST
Althea Gibson est la première femme noire à participer à un tournoi du grand Chelem en tennis puis plus tard à en gagner. Elle va ouvrir la porte à un grand nombre de sportifs dans une période où la ségrégation règne encore aux États-Unis. Une très belle biographie à la fois pédagogique, émouvante et où la détermination finit par payer.
Dans le quartier populaire de Harlem dans les années 40, Althea Gibson passe son temps sur les terrains de basket et dans la rue à se mesurer aux garçons plutôt que d’aller à l’école au grand dam de son père. La violence, les échecs de ses camarades de jeux et la pauvreté n’arrivent pas à lui faire prendre conscience qu’il faut qu’elle se prenne en main. Althea n’a qu’une envie, jouer au tennis. Son moment préféré est celui où la police ferme la rue principale de Harlem et déroule les filets pour organiser des matches avec les gosses de la rue. Althea est douée pour ce sport et une opportunité va lui permettre de rentrer dans le club très fermé du « Cosmopolitan Tennis Club » et de participer à des tournois avec la fédération « Américain Tennis Association ». Une fédération et des tournois qui ont été créés pour permettre aux personnes de couleur de pouvoir pratiquer leur sport car les tournois officiels leur sont pour le moment interdits et réservés uniquement aux blancs. A partir de ce jour, Althea s’est lancé le défi d’être la première noire à participer au tournoi de Forest Hills (Us open actuel). Un long travail laborieux, politique et révolutionnaire qui va ouvrir les portes à de nombreux sportifs.
Il n’y a pas encore si longtemps, la ségrégation était encore bien implantée dans la société américaine où les différences entre les blancs et les noirs étaient fortement marquées que cela soit dans les lieux publics comme au cinéma où les noirs ne pouvaient être positionnés devant ou bien encore dans le sport comme avec cet exemple du tennis où les athlètes ne pouvaient concourir avec les blancs. Heureusement les choses ont changé grâce à l’évolution de la société, de la politique mais aussi grâce à certaines personnalités comme Althea Gibson qui ont ouvert la voie. Par son caractère, son envie et son talent, la jeune femme a été la première joueuse de couleur à participer à des tournois du grand chelem et à en gagner avec Roland Garros en 1956 puis Forest Hills l’année suivante ainsi que Wimbledon en double. Ce sont au total plus de 10 titres du grand Chelem. Après le tennis, Althea se reconvertira dans une carrière de joueuse de golf professionnelle et chanteuse de Jazz compte tenu que le tennis n’est pas rémunérateur à cette époque.
C’est cette magnifique vie et aventure que les auteurs Julien Frey au scénario et Sylvain Dorange au dessin ont choisi de nous conter. Le découpage est bien mené, le lecteur va ainsi pouvoir suivre la construction de cette jeune femme de l’adolescence à sa fin de carrière en tant que joueuse de tennis. On peut ainsi découvrir toutes les difficultés rencontrées que cela soit au niveau familial, sociétal, le racisme étant présent sur et dans les stades, mais également toutes les réussites sportives, les soutiens reçus. Un scénario inspiré de la vie d’Althea Gibson qui tient la route.
Le dessin est également sympathique avec des cases aux bords arrondis, ce qui donne plus de légèreté et qui permet de se concentrer sur la vie du personnage et non sur le caractère gravissime de l’époque qui reste un contexte. Les couleurs vintage, chaudes s’adaptent bien au décor et costumes des différents protagonistes.
Un album bien construit qui se lit agréablement, à la fois pédagogique, sportif et romancé.
