La bande du 9 : La communaut du 9ème art

La Révolution est en marche ! A Paris, Eglantine et Frédéric poussent aux soulèvements des femmes contre la famine. A Saint Malo, Lisandro a fort à faire avec un traitre. Mais il semblerait bien qu’une seule et même main tire les ficelles.
Un final extrêmement original pour un triptyque à grand spectacle !
   
Trahi, Lisandro s'est mis en chasse de Rémi. Cette trahison est double puisqu’on découvre que Rémi a basculé du côté réactionnaire; pour les beaux yeux d'une femme. À Paris non plus, rien ne va plus ! Le peuple souffre toujours autant de la faim et, d'après La Fayette, cette disette semble être une manœuvre tout aussi réactionnaire. Cette crise, c'est surtout pour Eglantine et Théroigne, l'occasion de mettre en exergue leurs idées. Avec le soutien de Frédéric, elles réussissent à convaincre l'Assemblée Nationale Constituante d'organiser une audience auprès de Louis XVI. Accompagnées de quelques députés, elles prennent la tête de la délégation. Elles ont également pris soin d'organiser une manifestation de parisiennes devant les grilles du palais. Aux cris de « Capet va signer ! », Frédéric et Lisandro, à peine arrivé de Saint-Malo, comprennent que les deux femmes ont pris le roi en otage et qu’elles menacent de l'exécuter s'il refuse de signer une déclaration instaurant une égalité entre Homme et Femme. C'est le moment que les réactionnaires choisissent pour sortir de l'ombre, et le moins que l'on puisse dire, c'est que leur action risque fort de changer la face de la France…

Faire vivre la Révolution par le petit bout de la lorgnette; raconter les événements qui ont conduit à la chute de l'Ancien Régime par trois jeunes gens au profil et motivations différentes mais tous unis par une même quête de liberté, tel était l’objectif, inavoué, de Ah, ça ira !. Cela fonctionnait à merveille dans les deux premiers épisodes et pour ce troisième opus, consacré aux événements des 5 et 6 octobre 1789, la recette initiale est la même. Le rémois Jean-David Morvan s'amuse avec la réalité historique, les rumeurs plus ou moins fondées, plus ou moins folles et l'invention de la vie des trois personnages principaux. Une nouvelle fois, le lecteur se laisse happer par ses idéalistes, mélangeant peu à peu Histoire et histoire. Il faut dire qu’à l’image de la Révolution, le rythme s'accélère et les pages, tout comme les événements, s'enchaînent aussi vite que le galop du cheval de Lisandro quand tout à coup… tout bascule ! Sans que l'on comprenne ni pourquoi ni comment, le scénariste rompt avec la véracité pour nous plonger dans l'uchronie, dans une fin alternative de la Révolution. Certes, c'est assez déstabilisant car on ne s'attendait pas à cela mais après tout, cette chute est suffisamment vraisemblable pour être acceptée. Peu de changement côté dessin : on retrouve le trait classique et soigné de Julien Ribas. Une nouvelle fois, on constate que les personnages ne souffrent d’aucun manque de réalisme et d'émotivité. Le dessinateur joue également avec les gros plans et les cadrages afin de rendre plus dynamiques les interactions. Les décors Versaillais sont réalistes même si le dessinateur et coloriste privilégie toujours les grands aplats de couleurs aux fonds détaillés. L'ensemble donne un aspect proche des images d'Épinal parfaitement en accord avec l'intrigue. Notons au passage que la mise en page offre parfois de fortes jolies trouvailles comme cette double page aux couleurs opposées montrant le cheminement des femmes de Paris à Versailles ou encore cet écorché du château de Versailles sur fond de sieste de Lafayette.

Au final, ce Ah, ça ira ! est un triptyque très original qui s'ouvre comme une oeuvre historique pour se clore par une uchronie et qui ravira donc tous les amoureux de ces genres.

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