La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Survivre aux attentats du 13 Novembre n’est pas ouf de soulagement pour Sophie qui devra attendre de longues années pour pouvoir se reconstruire. C’est ce parcours de « l’après » que l’auteure accompagnée de Davy Mourier et Gery a souhaité conter en Bande Dessinée. Un album touchant, surprenant voire drôle, où le trio d’auteurs a réussi sans voyeurisme ni fanatisme à livrer l’un des meilleurs albums de cette année.
 
 
13 Novembre 2015, des coups de feu retentissent dans Paris et plus précisément au Bataclan. Deux balles viennent de toucher Sophie pendant le concert des Eagles of death métal. Chez Cyrille, ce sont les explosions qu’il entend à la télé pendant le match de foot France-Allemagne. Chez la mère de Sophie, c’est l’inquiétude qui monte en apprenant que sa fille est au Bataclan. Quant à Seb son ami, il n’a pas de nouvelles. Sophie sortira vivante du Bataclan mais avec deux balles, une dans le mollet, l’autre logée dans son corps au niveau du bassin. Deux solutions s’offrent à Sophie, l’opération lourde et risquée pour l’enlever ou bien ne rien faire et vivre avec cette balle en elle avec les séquelles psychologiques qu’elle représente. Sophie optera dans un premier temps pour la seconde solution. Mais ce choix et cette nuit de cauchemar ne sont que le début d’un très long chemin vers la reconstruction pour Sophie. Il va falloir maintenant faire face au jugement des autres, aux angoisses, à la compassion exacerbée, à la peur de l’autre.
 

Le 13 Novembre 2015 est une triste date dans l’histoire de France. C’est la date d’une série d’attentats perpétrés dans Paris par Daesh. Parmi ces attentats, celui réalisé au Bataclan pendant un concert est le plus meurtrier avec 90 morts et des centaines de victimes dont Sophie Parra. Pendant plusieurs semaines, les médias, les Français, sont sous le choc et la peur. Puis les années passent et d’autres évènements plus ou moins joyeux prendront la relève.
En qu’en est-il de ces centaines de victimes qui ont survécu. Comment ont-elles vécu cette tragédie ? Ont-elles pu reprendre une vie normale, passer à autre chose ?
C’est en suivant Sophie Parra à travers ces 120 pages de l’album « Après le 13 Novembre » que nous allons pouvoir nous recueillir et découvrir l’envers du décor, celui qui ne nous a pas été dévoilé par les médias à savoir la vie quotidienne d’une rescapée des attentats du 13 Novembre.
 

Sophie Parra s’est associée à Davy Mourier (Dieu n’aime pas papa, la petite mort) pour conter son histoire. Le scénario est impeccablement construit, donnant le sentiment de lire un roman de fiction alors que ce n’est malheureusement pas le cas. Les scènes s’enchaînent logiquement sans temps morts, sans voyeurisme, sans apitoiement, mais simplement en racontant des faits, des sentiments, des situations. Sophie passera par toutes les étapes de la reconstruction, la douleur, l’incompréhension, le regard des autres, le moindre bruit qui lui rappelle ses mauvais souvenirs. Mais Sophie apporte également un certain recul à cette situation en intégrant entre autres de l’amour et de l’humour, on pense notamment à la réaction de certains médecins ou personnes de l’Administration qui l’ont suivie, où finalement il vaut mieux rire de certains comportements.
 

Ce livre est touchant car il nous fait vivre des situations dramatiques vues de l’intérieur mais il est également plaisant à lire dans sa manière de raconter les faits, faisant de lui une de mes lectures préférées pour cette année. Cela est sans compter sur le dessin de Gery qui possède un style très actuel, très à la mode style bloggers et qui colle parfaitement à la situation et au sujet de l’histoire. Son dessin donne justement envie de lire pour arriver à un équilibre entre le dessin et la lecture. Un dessin trop réaliste aurait gâché le récit en prenant le pas.
Les dernières pages concluent sur un sentiment de bonheur pour Sophie que nous lui souhaitons éternel.

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