La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Stéphane vient de perdre son fils à l’autre bout du monde dans la prison de San Pedro. Touché en plein cœur, il plaque tout pour partir à la recherche des responsables de sa disparition. Un récit surprenant autant par le lieu où se déroule l’histoire que par ses personnages.
 
 
Tranquillement installé sur son canapé au chaud pendant que la neige tombe à l’extérieur, Stéphane Vernot reçoit un coup de fil d’un journaliste bolivien qui réside à la Paz. Ce dernier n’est pas là pour lui donner une bonne nouvelle mais pour lui annoncer que son fils Max a été tué. Même s’ils ne s’étaient pas vus depuis des années suite à des divergences d’opinions, Max reste le fruit de sa chair. Il va apprendre de la part de ce journaliste que son fils s’est fait volontairement emprisonner à la prison de San Pedro pour y mener une enquête sur le cartel et les narcotrafiquants. Un petit jeu fatal que Stéphane a du mal à digérer. Il décide alors de tout plaquer et partir pour la Bolivie afin de comprendre. Ces premiers faits sont de se faire faire de faux papiers et commettre un délit afin de se faire emprisonner à San Pedro et retrouver ceux qui ont tué son fils.
 
 
Voici un pitch qui donne envie de se plonger dans cette histoire d’autant que le lieu n’est pas choisi par hasard. La prison de San Pedro est la plus célèbre d’Amérique Latine non pas pour son modèle de réinsertion mais par sa surprenante gestion. Les détenus doivent payer un loyer, ils travaillent, fondent des commerces et des restaurants, les femmes, les enfants des familles y vivent naturellement et comble de la situation, les touristes peuvent même y passer quelques heures en échange de quelques billets. Une situation économique et sociale tout à fait hallucinante sur fond de misère sociale et trafic de drogue.

C’est dans ces conditions que les auteurs Pauline et Jean-Blaise Djian au scénario et Sébastien Corbet au dessin ont choisi d’envoyer Stéphane sur les traces de son fils Max. Cette histoire a donc plusieurs intérêts pour les lecteurs à savoir à la fois le côté pédagogie et géographie de la découverte de cette prison puisque le lecteur va être au côté du personnage principal et va découvrir en même temps que lui les conditions de vie et les règles de cette société carcérale. L’autre sujet abordé est les relations entre un père et son fils où, l’ayant perdu de vu depuis des années, Stéphane pensait que son fils parti après une sombre histoire de cannabis l’avait totalement oublié, et il apprendra qu’il n’en était rien et que Max n’arrêtait pas de parler de lui. Un sentiment de culpabilité va le pousser à tenter de rattraper le temps perdu, à vivre cette enquête et cette vengeance pour se rapprocher de lui-même si ce n’est que cela est trop tard.
 

Une histoire surprenante, des personnages à la fois perturbants et attachants, un dessin atypique valorisé par la mise en couleur du dessinateur et d’Eric Le Pape. Une belle surprise que je recommande.

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