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La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Bandeau de l'article Chronique "Métropolis T03"

Chronique "Métropolis T03"

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Ce 3ème opus du thriller uchronique tient toutes ses promesses. Il vous plongera avec délectation une nouvelle fois dans l'univers sombre et mystérieux de cette ville désenchantée.

 

Remettons les choses dans leur contexte, comme dans toute uchronie le principe de base est une réécriture de l'histoire à partir d'un certain point de déviation. Ici, la réconciliation franco-allemande a eu lieu au début du 20ème siècle, ce qui fait que la Première Guerre mondiale ne s'est jamais produite. Pour concrétiser cette amitié, une ville nouvelle a été érigée au sein de l'Interland (territoire situé entre les deux pays et ayant sa propre autonomie) : Métropolis, gigantesque mégalopole moderne et melting-pot des deux cultures. Mais il y a quelque chose de pourri au royaume de la réconciliation. Un attentat a mis au jour une crypte secrète contenant les cadavres de trois jeunes femmes sous la principale tour de la ville et c'est l'inspecteur Gabriel Faune qui mène l'enquête avec l'aide du commissaire Lohmann, un spécialiste des tueurs en série à la santé mentale fragile.


Au centre du récit se distingue donc la tour de la Réconciliation, à l'origine et sans doute au dénouement de cette histoire où on a l'impression que ce n'est pas tant la résolution d'un meurtre qui se joue que le destin d'une cité.

Dans ce tome l'enquête avance et le mystère s'épaissit : Faune a l'impression que la ville essaye de lui dire quelque chose en raison du lien privilégié qui le lie à elle, à moins que ce ne soit un message du Secret, le très trouble service qui « surveille les surveillants ». Il est néanmoins décidé à remonter la piste et à trouver les liens qui unissent le groupe Pangermaniste Loup Noir à l'origine de l'attentat, le tueur en série responsable des meurtres de la crypte et cet illustrateur méconnu de Science-Fiction, un certain Adolf Hitler... La tâche ne s'annonce pas d'emblée chose aisée mais elle se complique encore quand Faune tente de manipuler Lohmann afin de lui voler Loulou, sa petite amie. Il prend alors le risque de réveiller la bête qui sommeille chez le commissaire.


Je ne vous cacherai pas que je trouve que Serge Lehman est un des meilleurs scénaristes actuels, il a, entre autre, cette qualité rare de pouvoir faire la synthèse d'éléments de domaines très divers (l'histoire, le cinéma, la littérature...) pour enrichir le monde qu'il construit dans un tout cohérent et passionnant à découvrir. C'est le genre de talent que possède Alan Moore, ce qui vous l'avouerez, n'est pas une mince comparaison. Il avait déjà signé la plus belle réussite de série de super-héros « à la française » avec la Brigade Chimérique. Pour cela, il n'avait pas cherché pas à imiter les Américains en faisant pareil mais en moins bien, au contraire il avait adapté les codes et les thèmes des récits de super-héros au contexte et à l'histoire de l'Europe. Comme pour la Brigade Chimérique, Métropolis utilise le cadre des années 1930, et elle se nourrit des films noirs et d'anticipation de cette époque. Les références au cinéma de Fritz Lang sont évidentes (Métropolis, M le Maudit) et se fondent à merveille dans l'univers sombre et urbain de la série. Univers qui mélange personnages de fiction et personnages historiques, on peut ainsi y croiser Sigmund Freud, Albert Einstein, Aristide Briand ou encore Eva Braun. Sans oublier l'influence nébuleuse des artistes Marcel Duchanp et Gustav Klimt qui ont conçu une bien étrange machine... Le tout est saupoudré d'une intrigante dose de fantastique, juste assez pour se demander si des forces surnaturelles sont à l’œuvre ou si c'est la raison des personnages qui vacille.


Le dessin de Stéphane de Caneva sert efficacement le récit, il est responsable pour une bonne part de l'ambiance sombre et pesante de la série en diversifiant les angles de vue et en multipliant les plans serrés sur les visages des personnages afin de mieux nous livrer les tourments qui les agitent. La ville elle-même est dévoilée par petits pans (sauf sur une double page magnifique), ce qui renforce cette atmosphère irrespirable de bâtiments austères et de pièces sans âme.

Soulignons enfin le travail impeccable sur les couleurs et la lumière de Dimitris Martinos, ainsi que les macabres mais superbes couvertures de Benjamin Carré.

En un mot comme en cent, un récit qui sait s'ancrer dans le passé avec une grande modernité : absolument indispensable à lire.



Christophe
Chroniqueur
La Bande Du 9


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