La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Une jeune femme libre et indépendante devient une esclave sexuelle de son plein gré. Bien avant 50 nuances de Grey, Guido Crepax, maitre parmi les maitres de la BD érotique adaptait le sulfureux roman de Pauline Réage.
Avec cette réédition, Delcourt nous propose de redécouvrir l’œuvre de géant italien agrémentée d’une préface enrichissante et doublée de la Vénus à la fourrure.
 
Une jeune femme libre et indépendante sort de la limousine. Son amant, René, lui demande d’entrer dans une mystérieuse et luxueuse demeure et de faire tout ce qu’on lui demandera. À l’intérieur, elle devient une esclave de son plein gré. Elle va souffrir et ne trouvera de plaisir que dans le fait d’appartenir à quelqu’un. Elle ignore combien de temps cela va durer et combien d’hommes vont la « dresser ». Lorsque, enfin, elle sort, c’est pour découvrir que René souhaite la partager avec son demi-frère, Sir Stephen. C’est ce dernier qui va la marquer dans son âme et dans sa chair, marquant ses fesses au fer rouge de ses initiales et l’obligeant à porter attaché à une lèvre de son sexe un lourd disque de métal décoré d’un triskèle gravé du nom de son propriétaire.
 
Paru dans les années 70, après l’immense succès de la libre et délurée Valentina, Histoire d’O est l’adaptation d’un roman érotique, pour ne dire pornographique, de Dominique Aury, pseudo de Pauline Réage. Ce mois-ci, Delcourt réédite l’œuvre de Guido Crepax en l’agrémentant de la Vénus à la fourrure.
Et à tout seigneur, tout honneur ! C’est avec beaucoup de plaisir qu’on redécouvre le travail de l’artiste italien. Révolutionnaire pour l’époque, il multiplie les coupages et les inserts afin de toujours mieux exprimer ce que ressent le héros où l’héroïne. Son style particulier est fait d’une multitude de traits noirs qui apportent une précision, une émotion et une immense sensualité. Les gros plans, voire les très gros plans, sont autant d’invitation à regarder,  à toucher ou à embrasser. Bien qu’accessoires, les décors nous plongent dans les intérieurs bourgeois, des jardins somptueux et plus souvent dans des pièces que renieraient pas Monsieur Gray. La seconde partie semble le moins attirante. Davantage de bruit, de fureur et de vitesse. Le noir prend doucement l’ascendant et la sensualité cède le pas au pouvoir. Bien sûr, lire ou relire Histoire d’O aujourd’hui n’a pas la même signification qu’à sa sortie ! C’est ce que nous explique Christian Marmonnier dans une préface inédite et passionnante. Le journaliste et membre du comité de sélection du Festival international de la bande dessinée d’Angoulême confronte ce texte subversif au monde actuel et à la vision féministe. Loin d’être une position avec Metoo mais sans être une image de la femme prête à tout pour réussir, Histoire d’O est avant tout une histoire d’amour et cela, il faut bien un petit coup de main pour le comprendre. Peut-être est-ce ma perception très paternaliste du SM mais je préfère le tout aussi subversif  Vénus à la fourrure peut-être plus consensuelle.
 
 Si vous n’avez pas froid aux yeux ou si vous souhaitez simplement replonger dans l’œuvre d’un géant de la bande dessinée érotique, ce magnifique album est fait pour vous.

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