La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Alors que l’hiver s’abat sur Paris et l’opéra Garnier, le chef de la sécurité du président Faure est assassiné. Bien que limogé, l’inspecteur Broyan suit son instinct et plonge dans une enquête à haut risque.
Après Automne en baie de Somme, Philippe Pelaez et Alexis Chabert poursuivent leur quadrilogie toujours aussi magnifique !
 
En cet hiver 1896-1897, le tout-paris se presse à l’opéra Garnier. Il y a les spectacles, bien sûr , et en particulier La damnation de Faust de Berlioz mais c’est aussi, et surtout, la curiosité qui pousse le gratin mondain à venir, surtout depuis qu’un contrepoids a tué la spectatrice du siège numéro 13. Mais de tout cela, Amaury Broyan n’en a cure. L’ex inspecteur de police s’est dangereusement rapproché de la Ligue des patriotes , un groupuscule nationaliste d’extrême droite. C’est pour rencontrer un de ses membres que Broyan est à l’opéra. Et pas n’importe lequel : le colonel Tréveaux, chargé de la sécurité du président Félix Faure. Alors quand, en plein milieu du spectacle, son corps sans vie apparaît pendu tel le Christ et aspergeant le public de son sang, celui de l’ancien inspecteur ne fait qu’un tour et il se lance immédiatement à la poursuite du tueur. Il va alors se retrouver au cœur d’une enquête abyssale entre meurtres en série, société secrète et complot politique, magnétisme et spiritisme ; une enquête dont il ne sortira pas indemne…
 
L’idée de départ de Philippe Pelaez est de créer 4 tomes indépendants en fonction des saisons afin de suivre un même personnage à plusieurs moment de sa vie. Après Automne en baie de Somme, nous voilà donc arrivés dans l’hiver que nous allons passer à l’opéra Garnier et auprès d'un de ses fantômes. C’est ainsi que l’album s’ouvre sur une planche très poétique, mais également très énigmatique, où une gracieuse danseuse effectue arabesques et entrechats sous la neige. Pas de doute, on enfile son manteau et on remonte son écharpe, on est bien en hiver. Par la suite, l’intrigue reprend son cours normal. On retrouve le personnage de l’inspecteur Broyan à l’opéra. Le qu’en dira-t-on se charge de faire le lien avec l’enquête précédente : il a été sèchement limogé. Comme une forme de vengeance, il s’est rapproché de la Ligue des patriotes, une organisation nationaliste et ultra-conservatrice. Pendant la représentation, le cadavre du colonel Tréveaux apparaît crucifié aspergeant les spectateurs de son sang. Aussitôt, retrouvant ses réflexes de flics, Broyan se lance à la poursuite de l’assassin et s’il réussit à le retrouver, il s’échappe bien que violemment blessé. Débute alors une enquête à tiroirs pour l’ancien limier : enquête sur cet assassin, enquête sur une série de meurtres et enquête sur cette fameuse Ligue des patriotes et sur ses funestes desseins. Mais le scénariste distille également des éléments d’humanité très puissants chez son héros. Il a perdu sa fille dans d’atroces circonstances et son enquête va le mener aux frontières du paranormal, très en vogue à la fin du XIXe siècle. Cela donne un album extrêmement rythmé où chaque péripétie, chaque rebondissement en entraîne un autre pour constituer une intrigue riche et complexe mais facile à lire. C’est d’autant plus vrai que le dessin d’Alexis Chabert est un véritable bonheur. Les esprits chagrins regretteront peut-être l’inégalité des personnages ; personnellement, je retiendrai leur humanité tourmentée. S’inspirant des artistes de la fin du XIXe siècle, le dessinateur nous livre une œuvre d’art en couleur directe.  Certaines planches ne denoteraient d’ailleurs pas au musée d’Orsay ! Le dessinateur démontre aussi une superbe maîtrise dans l’art du cadrage et du découpage. Pas d’originalité pour l’originalité mais une variété collant à la perfection au rythme et à l’ambiance voulu par le scénariste. Le tout est aussi envoûtant que le célèbre Fantôme de l’opéra de Gaston Leroux.
 
Original, efficace, bourré de références et magnifiquement illustrés, Hiver à l’opéra a toutes les qualités pour devenir un indispensable  de bibliothèque.

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