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La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Bandeau de l'article Interview Jean Pierre Dirick

Interview Jean Pierre Dirick

 

D'où vous vient cette passion pour l'époque napoléonienne?  Et plus précisément pour les grognards?

A l’origine, j’avais envie de dessiner les costumes de l’époque car ils sont magnifiques. Et puis je me suis pris de tendresse pour ces soldats qui sont allés au bout de leurs rêves. J’ai eu envie de les montrer de façon plus affective. Les rendre drôles, c’était les rendre touchants. De montrer que ces « grognards » n’étaient pas simplement les machines de guerre conquérantes qu’on nous oppose traditionnellement, mais tout simplement des hommes. Des hommes qui croyaient en un idéal, un idéal incarné par leur Empereur.

 C’est pourquoi, même si l’ombre de Napo plane sur les scénarios, les véritables héros de la série sont des obscurs, des sans grade: le Caporal Célestin Lampion et le soldat Lebleu qu’il est chargé de former.
 


Vous maniez le clin d'œil anachronique avec brio, comment vous viennent ces incrustations ?

Les clins d’oeils anachroniques s’ils peuvent se lire au premier degré et   nous faire sourire dans un premier temps, sont là également pour nous montrer les nombreuses passerelles, voire similitudes qui existent entre cette époque et la notre.

En ce qui concerne les incrustations, je pars d’une vraie photo, d’un vrai document que je retravaille et que je détourne totalement sur ordinateur afin de le réintégrer dans mes décors. Dans la Pyramide de l’Aigle, par exemple, le Sphinx qui est un des éléments du décor, a été totalement et complètement refait. C’est bien évidemment le Sphinx que l’on connait et que l’on reconnait, mais si on l’observe bien, on se rend compte qu’il a été remodelé à ma façon afin de mieux servir le récit.

Au fond, ce n’est pas l’image du sujet tel qu’elle est dans la réalité qui est importante, mais l’idée qu’on se fait d’elle… Celle que chacun a dans sa tête… Dans son imaginaire!

Et puis ce genre d’incrustation assez inhabituelle en BD donne de la véracité au récit. Surtout dans une série dont la base est historique.
 

Votre objectif, revendiqué, est d'utiliser la modernité pour permettre aux jeunes lecteurs, et aux autres, de comprendre la psychologie des soldats impériaux. Dans le même temps, ne craignez-vous pas de tomber dans la démagogie et le populisme?

Ce choix de faire souvent des clins d’oeil à notre époque n’est pas anodin. Cela permet de voir combien il est difficile de juger ou d’apprécier un moment de notre Histoire avec nos yeux et notre réflexion moderne d’aujourd’hui.

Se mettre dans le contexte de l’époque avec la mentalité du moment est diablement compliqué. On peut difficilement comprendre aujourd’hui, par exemple, pourquoi ces grognards de la Grande Armée ont pu traverser toute l’Europe à pieds en usant trois paires de chaussures avec 40 kg sur le dos pour aller se battre dans des conditions effroyables et ce, dans leur plus bel uniforme, si on ne se rappelle pas qu’ils étaient fiers et heureux d’être porteurs des idées nouvelles de la Révolution, dans une Europe totalement cadenassée par les privilèges et les injustices.

Le caporal Lampion, fil rouge et héros de la série est lui même sujet au doute et se pose quantité de questions sur la finalité des guerres auxquelles il participe. Mais sa fidélité aux idéaux révolutionnaires et à son Empereur l’emporte toujours.
 

Docteur Freud, évoquant Napoléon, utilise des  adjectifs forts. Est-ce que vous vous êtes inspiré de personnalités politiques contemporaines?

Le parallèle serait facile, voire tentant. Mais non, ce serait réduire une épopée à des manoeuvres médiocres de bas étage… L’épopée napoléonienne à autrement plus de souffle! Je ne suis ni un donneur de leçons ni encore moins un moralisateur…Je  me contente simplement de créer des situations improbables autour de faits et d’événements réels. Si cela peut déboucher sur une réflexion du lecteur, c’est tant mieux…
 


Dans votre dessin, vous multipliez les détails. Quels sont vos sources d'inspiration dans ce domaine?

L’art, la création doivent être jubilatoires. Je vois trop d’auteurs formatés aujourd’hui par des éditeurs qui se cramponnent à une ligne éditoriale qu’ils ont défini comme image de marque, intervenant constamment sur le travail de leurs auteurs pour les enfermer dans un carcan.

Moi, je ne m’interdit rien! Je dessine et j’écris ce que j’aime, comme je l’aime! Je ne fais partie d’aucune école, d’aucune chapelle et je part d’un principe simple qui conditionne tout mon travail: Si je prend du plaisir a écrire et à dessiner mes albums, je suis sur que le lecteur en prendra aussi.

Aujourd’hui, je poursuis la série « Napo et nous » qui en est à son troisième tome avec « le blouze de l’Aigle ». Un quatrième est en préparation qui verra le Caporal Célestin Lampion et son soldat Lebleu partir aux Amériques et qui s’intitulera «  l’Aigle américain ».Tant que je prendrai plaisir à réaliser cette série elle continuera.

Tout comme j’ai pris un plaisir fou à caricaturer les grands héros de la BD dans « le Divan de la BD » ou à imaginer des énigmes policières les « énigmes de TIM » pendant plus de dix ans chaque semaine dans « Pif-Gadget », ainsi qu’à défendre la cause animale avec « L’inspecteur Klebs ».

Autant de thèmes et de sujets qui me passionnent.

Parce qu'au fond, ce qui est important, c’est de faire partager son émotion par sa passion.

Parce qu’une vie sans passions, ça ne sert pas à grand chose.



Cédric
Chroniqueur
La Bande Du 9


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