La bande du 9 : La communaut du 9ème art

1967, Thomas Shaper connait enfin le succès grâce à un recul d’Andy Warhol. Submergé par cette gloire aussi soudaine que démesurée, Il s’enfuit et trouve refuge en Californie. Il y rencontre Johny Clash qui le charge de trouver un havre de paix.
Tom Graffin adapte son roman et nous pousse à réfléchir au poids de la famille et à la rançon de la gloire.
 
Lorsque Thomas Shaper annonce ses parents, producteurs de fraises à Québec qu’il ne souhaite pas reprendre l'exploitation, leur réaction est assez froide. Mais lorsqu'il leur annonce qu'il part à New York étudier les beaux-arts, cela devient la tempête de glace ! Son père le renie et le met presque dehors. À New York, Thomas  fait la rencontre de Joan. Ensemble, ils rêvent d'une vie où amour et indépendance irait de pair, une vie où Thomas serait reconnu, entre autre par Andy Warhol et où Joan écrirait pour les plus grands chanteurs du pays. Malheureusement, rien ne se déroule comme prévu et Thomas finit par tout balancer dans son atelier. Le résultat : une belle explosion et un tableau qui soulève un « waouh » à Warhol ! Aussitôt, ce dernier le met en contact avec un dénommé Big Man qui lui achète l'œuvre et lui verse une avance pour les dix suivantes. Thomas est certes heureux mais il est complètement déboussolé par ce succès démesuré. Sur un coup de tête, il plaque tout, traverse tous les États-Unis et trouve refuge en Californie. Dans un pub, au hasard d'une rencontre, il sympathise avec Johnny Clash, lui aussi en plein doute. Écrasé par la gloire, le guitariste confie fait une mission à son nouvel ami : dénicher « un diable d'endroit » où ils pourraient enfin trouver la paix intérieure. Aussitôt, Thomas se met en quête de ce havre utopique. Mais peut-être est-il plus près ce qu'il ne le pense...

Cet album est l’adaptation du roman portant le même titre de Tom Graffin. Il est désormais assez courant qu'un auteur se transforme en scénariste. D'ailleurs, ce pont existe déjà depuis longtemps au cinéma mais passons ! L'avantage de cette méthode, c'est que le scénariste est obligatoirement en accord avec l’auteur. Il subsiste néanmoins une difficulté : le rythme de la narration de la littérature n'est évidemment pas le même que celui de la bande dessinée. Notons que Tom Graffin s'en sort avec les honneurs : on prend plaisir à lire son album et les temps morts sont contrebalancés par une réflexion poussée sur la pression familiale, la réussite et toutes les dérives qui vont avec. C'est ainsi qu'on découvre Thomas, seul héritier de la plus grande exploitation de fraises du Québec. Contre l'avis de son père, il part vivre une vie d’artiste à New York. Si le succès est au rendez-vous, la gloire et la pression de la société vont littéralement broyer le jeune homme et tout ce qui l'entoure. Une sorte de descente aux enfers avant un espoir de rédemption. Une analyse presque cynique mais totalement réaliste de notre société. D'autant que les dessins réalistes de Marie Duvoisin sont parfaitement en adéquation avec l'histoire. La dessinatrice nous fait vivre la traversée des États-Unis, cheveux au vent et pied au plancher. Elle s’attarde davantage sur la Californie et le nouveau cadre de vie de Thomas. Mais plus que les décors, ce sont les Hommes qui sont au centre de cette aventure et la dessinatrice insiste bien sur leur importance en multipliant les gros plans et les cadres américains. Il ne faudrait pas oublier la colorisation qui se met au diapason des émotions des personnages : froides lorsqu'ils sont tristes, plus chaleureuses lorsque le bonheur frappe à la porte et même parfois psychédéliques, années 60 obligent.

C'est donc un ouvrage aussi intéressant que sympathique à lire. À l'ouvrage à découvrir.

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