La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Chacun règle ses soucis financiers à sa façon. Les bonnes sœurs du couvent Saint Patrick ont choisi de se lancer dans la commercialisation clandestine d’alcool en pleine prohibition. Un récit drôle mais surtout bien construit autour d’un personnage nommé Holly, une novice des plus surprenantes.
 

Eté 1929 dans le Massachusetts au couvent Saint Patrick, c’est l’heure de l’office. Une fois le recueillement terminé, une novice du nom de Holly se charge du rangement et notamment du fruit de la quête. La tentation de voir tous ces billets est plus grande que la foi et Holly glisse une petite liasse dans ses bas. C’était moins une avant que le curé ne revienne avec son vin de messe et la ferme idée de faire boire la jeune fille et la débaucher. Mais Holly préfère s’éclipser pour rejoindre le clocher et une boîte secrète dans laquelle elle a amassé de l’argent et des cigarettes notamment. Elle profite, pendant qu’elle s’en grille une petite, pour relire une carte postale de Paris envoyée par sa cousine. Les objectifs de Holly sont maintenant clairs, rejoindre sa cousine à Paris coûte que coûte. Mais en attendant, Holly doit assister aux bondieuseries collectives et autres sermons au sein du couvent. A cette période, la prohibition est installée, le commerce d’alcool fait les affaires de la pègre. Des passeurs travaillent la nuit pour ravitailler le réseau mais ces petites affaires ne sont pas au goût du Ku Klux Klan et il ne fait pas bon être passeur notamment quand on a la couleur de peau foncée. Pour le moment aucun lien entre ces deux histoires mais cela ne va pas durer d’autant que le couvent a quelques petites difficultés financières.
 

Une histoire qui se passe dans un couvent avec des bonnes sœurs comme personnages principaux… la soirée va être longue. Et bien c’est mal connaître le scénariste Gihef et son humour. Mais attention, cette histoire n’est pas à classer dans la rubrique comique, il y a ici une vraie histoire sérieuse autour de la prohibition, de la fabrication clandestine d’alcool, de la pègre, des rivalités entre clans notamment avec le KKK, la seule différence est que l’on ne s’attend pas à ce qu’un couvent et ses bonnes sœurs soient au cœur de tous ces critères. C’est ce décalage qui fait de cet album quelque chose d’exceptionnel et qui crée quelques scènes des plus surprenantes. Pas sûr que cela plaise au Vatican mais de notre point de vue, cela nous va totalement.
 

La prohibition avait pour but de bannir l’alcool et « purifier l’Amérique » Visiblement à la lecture de l’élixir de Dieu, c’est raté. Les auteurs vont également profiter de cet album pour évoquer au-delà de la prohibition des sujets tels que le racisme ou l’homosexualité, ou bien encore la mesquinerie de l’Eglise.
Ce petit monde secret où tout le monde a ses secrets est illustré par Christelle Galland (Moses Rose, Pagnol) avec un trait plein de joie, de vie, de bonheur et en tous cas, c’est ce qui transpire à la lecture de ces planches.
Un tome deux forcément très attendu d’autant que le final de ce premier volet est étonnant, à contre-pied du récit, Holly est surprenante mais les auteurs encore plus. 

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