La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Maintenant que son exploitation prend son envol, tout semble sourire à Yves. Cerise sur le cadeau : Anne lui apprend qu’elle est en enceinte ! Seules ombres au tableau : la querelle amoureuse entre les frères d’Anne et le décès de Madame Lemarchand. Et puis il y a toujours l’attirance entre Yves et la belle Estelle…
François Debois et Serge Fino poursuivent,toujours avec justesse, leur adaptation du magistral portrait sociétal de Joël Raguénès.
 
Sur l'île de Béniguet, l'exploitation de Yves Kerléo monte en puissance. La récolte de froment s'annonce bonne et l'exploitation goémonière est remise sur de bons rails. Alors, quand Anne lui annonce qu'il sera bientôt papa, Yves est au comble du bonheur. Un seul petit nuage vient ternir l'horizon : les deux frères d’Anne se battent pour la même femme, la propre sœur d’Yves. Et puis, il y a le décès de Madame Lemarchand qui, même si elle ne les affecte pas directement, plombe un peu l'ambiance. Dans l'esprit d'Yves, rien de grave ! Surtout rien qui ne semble pouvoir empêcher le rachat de la ferme voisine ni ses rêves d'exploitation goémonière. Malheureusement, il aurait dû se méfier : en Bretagne, un nuage est souvent annonciateur de gros temps et la tempête qui approche risque bien de faire des dégâts, de gros dégâts…

Après les Chasseurs d'écume, il était difficile pour les artistes de replonger dans un nouveau projet. Serge Fino  a bien collaboré avec LF Bolle sur une autre saga familiale, terrestre celle-ci , avec les Maitres Saintiers mais l'appel du large a été le plus fort et le dessinateur est retourné à ses plages bretonnes. Avec son compère François Debois, ils poursuivent donc l’adaptation du roman de Joël Raguénès Les pains de la mer avec ces amants de la mer d'Iroise. Évidemment, ce titre met immédiatement le lecteur sur la piste d'un amour interdit. C'est quelque peu dommageable mais il pourrait bien être surpris. En effet, les rebondissements sont nombreux pour cet album qui rentre véritablement dans le vif du sujet. On aurait pu craindre quelques lourdeurs lors des explications techniques de l'exploitation goémonière. Les notices sont bien présentes mais François Debois réussit à les immerger dans sa narration et ses péripéties. C'est peu dire que ces dernières sont nombreuses tant les histoires de cœur se mélangent avec celles des agriculteurs et des goémoniers. Le rôle du héros est alors prééminent dans l'arrivée d'une flopée de personnages secondaires qui dynamisent encore un peu plus l'intrigue. Coté dessin, on retrouve le trait marin de Serge Fino. Les embruns, l'écume, le brouillard et les tempêtes sont magistralement représentés. Je sais, cela fait un peu cliché! Évidemment, la Bretagne sait aussi se faire radieuse et ensoleillé. Le problème vient plutôt des personnages. Même si les dialogues aident à les identifier, la confusion entre plusieurs d'entre eux est fréquente. Et puis, les gros plans ne sont pas toujours d'égale qualité. Si certains sont aussi somptueux que les paysages, d'autres sont moins flatteurs. Heureusement, la colorisation est parfaitement en accord avec l'ambiance bretonne et renforce l'impression iodé du dessin.

Lorsque l'on referme cet album, l'impression est un  peu  mitigée. L'intrigue à tiroir fonctionne à merveille et sans aucune lourdeur technique. Le dessin, loin d'être parfait, renvoie parfaitement à une Bretagne aussi belle que tempétueuse. L'ensemble fait qu'au final, on en redemande encore ! Vivement la suite.

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