La bande du 9 : La communaut du 9ème art

La ballade de Dusty
Tome1 - Bertha Wagon à bestiaux
 

Dessin : Gilles Aris
Couleurs : Albertine Ralenti
Editions : Grand Angle

 

Expropriée, la jeune Dusty part à la rencontre de son père, parti quelques mois plus tôt demander des comptes au président des Etats Unis. Armée d’un appareil photo et d’un immense talent de conteuse, allant de rencontre en rencontre, elle traverse les Etats Unis de la Grande dépression.
A mi chemin entre Forrest Gump et O’Brothers, bourré de clins d’œil, cette Balade de Dusty  est un road movie extrêmement agréable.
Dorothy est une jeune fille à l’imagination débordante. Malheureusement, dans l’Amérique des années 30, la jeunesse et l’imagination ne suffisent pas pour vivre. Expropriée, la famille de Dusty, son surnom, doit loger chez des voisins qui la traite comme une femme en devenir. Aînée de la fratie, elle convertit sa colère en action et part à la rencontre de son père, parti avec quelques milliers d’autres manifestants demander des comptes au président, à Washington. Sur les chemins de fer fréquentés par les fameux Hobos, les clochards du rail, elle fait la rencontre de Beanie,  un jeune garçon débrouillard à la jambe de bois. Elle rencontre aussi Bertha Wagon à bestiaux qui la sort des griffes de Hobos peu scrupuleux. Elle fait malheureusement également la rencontre du plus farouche opposant au Hobos ; le shérif Bill "Eyes for an Eyes" Pallmer, toujours accompagné de son chien Lucifer. Sur les routes poussiéreuses, elle se trouve embarquée comme ramasseuse de fraises et constate les pires conditions de travail possibles des ouvriers agricoles. Elle rencontre aussi Dorothéa Lange. Photographe, elle a pour mission d’évaluer les problèmes des Américains à travers ces photographies. Pour remercier Dusty de son aide, elle lui offre un appareil photo et un cliché où apparaît son père. Petit à petit, Washington se rapproche et les rencontres, plus ou moins heureuses, se multiplient.
   
L’Amérique de la Grande Dépression est un sujet prolifique pour les scénaristes de tout poil. Il était donc assez logique qu’Aurélien Ducoudray finisse par si intéressé. Après la science-fiction de Bots, le roman policier à la Audiard avec Mort aux vaches ou encore la renaissance du héros emblématique Bob Morane, le scénariste de l’Indre revient à ses premiers amours : l’Histoire. Le scénariste d’Amère Russie reste fidèle à ses habitudes et signe un scénario extrêmement documenté. On retrouve aussi dans ce road-movie de nombreux clin d’œil, de Forrest Gump à O’Brother en passant par le célèbre duo Gainsbourg-Bardot Bonnie and Clyde ou encore Les Raisins de la colère de Steinbeck ;  pour n’en citer que quelques-uns. Alors oui, c’est un peu long à se mettre en place mais à l’image d’un train, une fois lancé, c’est absolument inarrêtable. Il faut dire que sur sa route Dusty va croiser bon nombre de personnages secondaires réels ou imaginaires mais toujours emblématiques de la première moitié du XXe siècle américain.
Le trait mi-réaliste mi-caricatural de Gilles Aris complète le tableau : il confère de véritables « gueules » à tous ces personnages. Néanmoins, le dessinateur sait se faire précis lorsqu’il croque certains clins d’œil déjà déjà évoqués. L’ensemble fonctionne très bien et on prend plaisir à traverser l’Amérique avec Dusty, à la suivre de rencontre en rencontre et à découvrir ce riche pays à une époque plutôt sombre.
 
Cette Balade de Dusty offre un road-movie bouleversant dans l’Amérique des années 30 ainsi qu’une palette de portraits tous plus attachants les uns que les autres. On a hâte de pouvoir découvrir la suite et fin de cette jolie série.

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