La bande du 9 : La communaut du 9ème art

La guerre bat son plein, Nazis et Soviétiques s’affrontent sur le front russe. De son côté, le gouvernement des Etats-Unis qui est encore dans les coulisses pactise avec le diable et plus précisément le comte Zaroff qu’il décide d’envoyer de l’autre côté du front pour retrouver une jeune scientifique. Un nouveau terrain de jeu pour Zaroff qui va pouvoir s’adonner à sa passion de chasse à l’homme mais en toute légalité.
 
 
En 1941, l’armée américaine est toujours à la recherche du comte Zaroff et toutes les pistes sont bonnes pour le retrouver. L’une d’elles va les conduire auprès du shérif de Stanborrought où un sans-abri a vu un de ses compagnons de route se faire enlever par un homme muni d’une arbalète et de plusieurs chiens. La police militaire va alors tenter un assaut dans une maison où l’homme se serait visiblement réfugié. Mais la demeure et ses alentours sont piégés. L’assaut va être sanglant et meurtrier mais va déboucher sur l’arrestation de Zaroff. Ce dernier ne va pas être immédiatement aux arrêts. Le gouvernement américain qui vient de rentrer en guerre a besoin de ses compétences et de sa connaissance du monde soviétique pour aller chercher une jeune scientifique derrière le front russe. En échange, ils lui révèleront comment retrouver sa mère et sa famille. Quant à la jeune femme, ses connaissances sur le nucléaire sont capitales pour la lutte contre le IIIème Reich. Mais l’opération n’est pas sans risque car Zaroff est avant tout un chasseur, un tueur dans l’âme.
 

Après un premier volet adulé par les critiques et le public, qui avait autant surpris par son scénario que par son dessin, le duo Runberg et Miville-Deschênes repart pour un second volet autour du personnage du comte Zaroff né à la base de l’imagination de Richard Connell dans « The most dangerous game ». Dans ce deuxième volet, les auteurs ont gardé l’esprit et la complexité du personnage pour le faire revenir sur ses terres natales et lui donner un nouveau terrain de jeu.
Le contexte est totalement différent par rapport au premier volet puisque Zaroff  n’est plus dans un domaine qu’il a créé de toutes pièces sur son île où ses actes sont répréhensibles, mais il se retrouve dans un espace où la guerre et ses atrocités font partie du quotidien. Zaroff bascule en position de héros et sauveur et ses actes, ses meurtres deviennent presque légitimes. La différence est que Zarrof les réalise par plaisir et le capitaine Rainsford qui le suit n’est pas dupe.
 

Très gros travail scénaristique de Sylvain Runberg qui est toujours au top mais qui sur cette histoire arrive encore à nous surprendre par la qualité du travail réalisé autour de ce personnage ambigu. L’auteur va réussir à positionner le lecteur dans une situation embarrassante par rapport à Zaroff. Doit-on l’aduler par rapport à ses actes ou au contraire continuer à voir en lui le tueur sanguinaire et psychopathe qu’il reste.
Le dessinateur François Miville-Deschênes est lui aussi complice de cette ambigüité puisqu’il va donner à ce personnage des traits de gendre idéal, de séducteur, de héros sans reproche. Au-delà de ce dernier, la construction graphique, que cela soit au niveau des décors, des personnages, des jeux de couleurs, des perspectives, du découpage des planches, est irréprochable et nous laisse bouche bée.
C’est réellement impressionnant de pouvoir maîtriser autant son art. Un régal à lire et à regarder.

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