La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Mourante, Ann Kelvin décide de finir sa vie dans le corps d’un cachalot. Elle a juste oublié que l’Homme reste le prédateur ultime...
Excellente adaptation de la nouvelle de Jeanne-A Debats qui conserve toutes les qualités de l’œuvre originale en lui ajoutant les images torturées de Stefano Martino.
 
Mourante, la docteur Ann Kelvin fait appeler auprès d'elle son ancien élève et amant, Marc Sénac. Bien que ses petites affaires soient en ordre, la vieille dame est en pleine contradiction. Elle est fatiguée et dégoûtée de la vie mais elle ne veut pas mourir ; pas encore. Pour cela, Marc a la solution. Il lui propose une transmnèse. Rien d'exceptionnel jusque-là puisque la transplantation d'esprit dans un nouveau corps est déjà réalisée. Mais Marc et Ann ne veulent pas d'un clone comme réceptacle : ce sera le corps d'un grand cachalot ! Évidemment, cela n'a jamais été réalisé et d'innombrables précautions sont prises tant pour assurer la réussite de la migration que pour veiller à  la sécurité de la vieille dame. Et puis, il y a un objectif caché. Cachalot, Ann va déclencher une épidémie, bénigne chez les cétacés mais aux effets délétères pour les humains ayant consommé leur chair. Commence alors un long voyage pour la vieille dame à travers les océans et les abysses, à la rencontre d'animaux extraordinaires mais aussi au milieu de prédateurs redoutables...
 
Pour moi, les éditions Drakoo étaient la filiale de Grand Angle spécialisée dans l'Héroic-fantasy. Imaginez alors le choc lorsque ce La vieille anglaise et le continent est arrivé entre mes mains. Après un rapide coup d'œil à la couverture, j'ai compris que je me fourvoyais. Drakoo, c'est de la science-fiction ! Mais pas que puisque cet album est l’adaptation de l'excellent roman de Jeanne-A Debats. On retrouve dès lors le même rythme de narration. Après une exposition assez longue (il faut bien cela pour placer des personnages, le contexte et expliquer la transmnèse), le lecteur découvre la splendeur des fonds marins en compagnie de l'activiste Ann Kelvin. Loin d'être fade, cette partie est rythmée par les découvertes et les rencontres. Arrive enfin l'ultime péripétie et le rythme s'accélère encore pour clore l'album en feu d'artifice. Mais plus que l'intrigue, ce sont les thèmes abordés qui marquent. Bien sûr, il y a l'environnement et sa protection mais ce roman d’anticipation va bien plus loin. Il est question de genre et de changement, d'acceptation de soi ; de la vie, de la mort et du transhumanisme, du féminisme et de la place de la violence dans les luttes sociales. C'est une lecture intelligente qui apporte beaucoup à son lecteur qui n'est plus tout à fait le même à la fermeture de l'album. Pour le dessin, Stefano Martino fait le choix d'un trait brut profondément marqué par les hachures. Cela apporte beaucoup de noirceur à l'album. Heureusement, cela est contrebalancé par une mise en page extrêmement libre.
 
Excellente nouvelle d'anticipation, La vieille anglaise et le continent peut désormais être lu en bande dessinée avec les mêmes qualités et beaucoup d'autres en plus.

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