La bande du 9 : La communaut du 9ème art

C’est l’histoire d’une petite fille différente qui doit luter contre le harcèlement. Plutôt que de se renfermer sur elle-même, elle va utiliser son imagination pour se sortir des griffes de ses bourreaux.
Un album jeunesse ultra efficace qui devrait se retrouver dans toutes les bibliothèques d’écoles.
 
C'est l'histoire d'une enfant différente. Tout d'abord, c'est une fille. Et puis, elle a la peau noire, elle a des lunettes et les cheveux crépus. Et pour finir, elle est une prothèse. Malheureusement, ses différences sont intolérables pour les autres enfants et cela se termine en discrimination, en moqueries et en harcèlement. Cette violence, la petite fille la subit. Elle l'affecte bien plus qu'elle ne le dit mais plutôt que de se renfermer sur elle-même, elle décide de la transformer en matière première de son imagination. Si seulement elle pouvait montrer à tous ces gens qu'elle aussi a du talent, du courage et de l'audace. Si seulement elle pouvait régler ses comptes. Mais attention, elle est bien plus magnanime que ces bourreaux : elle saurait se montrer digne et humaine.
 
Le harcèlement est grande cause nationale. Pourtant, l'actualité nous rappelle chaque jour que le combat est loin d'être gagné. C'était le suicide du Lucas au mois de janvier, c'est celui de Lindsay en mai dernier. D'après le ministère ; 2,6 % des élèves le CM1-CM2 subissent une forte multivictimation. Mais avant ? car c'est dès le plus jeune âge que l'acceptation de l'Autre doit être apprise. A travers cet album bonne jeunesse, Sandrine Van Malleghen n'explique pas le fonctionnement du harcèlement. La scénariste fait le choix, judicieux, de montrer comment se sortir de la spirale infernale. Cette petite fille a une force de caractère hors norme. Elle va puiser dans ce que chaque enfant possède pour se sortir de cette ornière : l'imagination. Grâce à elle, la victime va retourner la situation et comprendre que la violence, la vengeance, même psychologique, n'est pas la solution. Elle va se rendre compte que la solution est bien plus proche d'elle qu'elle ne le croit. L'ensemble est complété par 12 fiches pédagogiques illustrées apportant des pistes d'activité pour les enfants et leurs éducateurs. À mon sens, le seul danger consiste en la trop faible place donnée à la parole de la victime mais c'est assez compréhensible vu le public visé et le message porté. Côté dessin, Nina Luec fait le choix de planches en double page. Format habituel pour les albums jeunesse, il prend ainsi toute sa raison d'être en marquant la distance existante entre victime et bourreaux. Bien évidemment, les décors font la part belle à l'imagination tandis que les personnages, légèrement d'inspiration japonaise, voient leurs émotions exagérées. Cela rend la lecture extrêmement facile pour les plus jeunes. La colorisation dans des teintes pastels vives constitue l'ultime élément d'accroche des enfants.
 
Au final, Si seulement… est un album jeunesse qui explique comment vaincre les formes de harcèlement, à destination les plus jeunes. Un album qui devrait se retrouver en place en bonne place dans toutes les bibliothèque des écoles maternelle et élémentaires.

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