La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Seule rescapée dans bateau naufragé, une famille de chiens va traverser tout le territoire australien à la recherche de son maitre.
Didier Crisse et Christian Paty nous proposent une magnifique odyssée dans les somptueux paysages australiens, à la recherche du soi intérieur.
 
Novembre 1879, alors que la tempête fait rage, le Mary Gold tente de rejoindre les côtes australiennes. À son bord, des migrants anglais qui espèrent débuter une vie nouvelle. Malheureusement, le bateau coule et les seuls rescapés sont les membres d'une famille de chiens. Naufragés sur une petite île, ils font la rencontre de gwagas et autres goannas. Pour le meilleur ami de l'Homme, ces animaux sont aussi étranges qu’inconnus. Informations prises auprès des autochtones, les quatre chiens décident de traverser le détroit pour se rendre sur la grande terre et y retrouver des humains. Mais à peine débarqués qu'ils font la rencontre avec des bébés tortues à peine éclos et dont les mouettes raffolent. Ce n'est que le début d'une longue odyssée à travers tout le territoire australien mais aussi à travers l'espace, le temps et les légendes aborigènes, à la recherche de leur jeune maître…
 
Après avoir revisité l’Odyssée en version féministe avec l’Odyssée de Pénélope (malheureusement interrompue avant la fin), Christian Paty, cette fois accompagné de Didier Crisse, revient avec une odyssée australe et canine. À travers deux pages d'exposition ultrarapide, nous comprenons que nous sommes à la fin du XIXe siècle, à bord d’un navire de pèlerins. Ce n'est qu'après une terrible tempête que nous découvrons les côtes océaniennes. Seule rescapée du naufrage, une famille de chiens découvre, médusée, toute une série d'animaux tous plus fantastiques et extraordinaires les uns que les autres. Mais comme le chien est le meilleur ami de l'homme, Ardent et sa famille vont tout faire pour retrouver leur jeune maître. A l’image d’Ulysse, ils vont devoir traverser des océans, affronter des monstres et écouter des prophéties ; ils vont être confrontés à la soif, à la faim mais ils vont toujours trouver la force de veiller les uns sur les autres et porter secours à ceux qui sont davantage en détresse qu'eux. Traversant tout le territoire australien, Ardent, Précieuse, Câline et Éclair vont découvrir des paysages spectaculaires. Ils vont aussi être confrontés à la culture aborigène à travers les personnages de Kangolii, le kangourou philosophe-maître des rêves et du temps. C’est donc à un magnifique voyage au bout du monde qu’à travers une profonde immersion dans les coutumes australes que nous invitent Didier Crisse. Loin de l'aspect Disney et Vaiana, le scénariste rend hommage aux terriens, à ce peuple riche d'une culture si différente. Pas de discours décoloniale pour autant mais une simple vue d'ensemble. Habitué au trait caricatural, Christian Paty doit donner vie à une flopée d’animaux divers et variés. Le dessinateur de Nota Bene et autres Mantes religieuses semble s’éclater à donner une âme et des émotions, forcément surjouées, à ces animaux. L’anthropomorphisme n'est jamais loin ! Bizarrement, le lecteur s'identifie facilement à cette famille canine et il apprécie, autant qu'il détestera, certaines rencontres. Et cela sera largement facilité par l’immersion dans les somptueux décors australiens. Du bush au désert de Victoria en passant par le rock Uluru, le dépaysement est absolu. Les vignettes de décor, somptueux, alternent alors avec des personnages sur fond neutre ; en fonction des impératifs de narration. Enfin, la découverte de la culture aborigène est l'occasion d'une plongée totalement onirique dans ces formes artistiques. Quelques mots enfin sur la colorisation qui laisse transparaître la chaleur des déserts australiens autant que l'enchantement de cette civilisation.
 
Sous ses faux airs de récits de voyage canin pour enfants, Uluru est une magnifique plongée dans les paysages et la culture australienne. Un récit très agréable, dépaysant et envoûtant

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