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La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Bandeau de l'article Utopie Volume 1

Utopie Volume 1

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Utopie
Volume1
 
Scénario : Rodolphe
Dessin et couleurs : Griffo
Éditions : Delcourt

 
Dans un monde parfait et parfaitement lisse ; un livre, objet totalement prohibé, va semer le désordre !
Récit d’anticipation parfaitement maitrisé, Utopie regarde du coté des maitres du genre mais sait aussi créer son propre univers et sa propre intrigue. Une série à suivre.
 
 
« Ciel bleu, vie rose ! »  Voilà la phrase de ralliement des « plus » comme Will Jones. Ces humains équipés d'implants neuronaux ont la belle vie :  appartement luxueux dans des tours futuristes, Androïdes toujours à la recherche de leur bonheur et emploi valorisant. Pour Will, c'est un travail à l'académie historique. Avec les membres de son équipe, il doit lisser l'histoire : il doit rendre les événements du passé acceptable aux yeux du plus grand nombre et surtout en adéquation avec le récit de Clara et de Andy ; les guides suprêmes qui s'adressent à la population grâce à des hologrammes.  Non, aucun nuage ne vient perturber la vie de Will et dans quelques mois, il aura même une nouvelle babe, une petite brune encore plus perfectionnée et talentueuse. Mais, un soir, en sortant du travail, Will découvre un objet insolite dans sa poche. Il s'agit d'un livre. Bien sûr, Will sait ce dont il s'agit : les gens en lisaient autrefois ! Seulement, les livres sont prohibés depuis longtemps !  Will devrait le jeter dans le premier broyeur mais la tentation est la plus forte. Will débute la lecture et semble y prendre goût. Toutefois, des questions demeurent : qui a mis ce livre dans la poche de Will ? et surtout, pourquoi ?
 
Lorsqu’on se lance dans la rédaction d’un récit d’anticipation dans laquelle on veut parler de la société parfaite, il est presque impossible que certains ne crient pas au plagiat. Ce n’est certainement pas Rodolphe qui dira le contraire ; lui qui sort, avec son compère Griffo, un triptyque Utopie. Et effectivement, difficile de ne pas trouver des similitudes avec l'œuvre orwellienne : la société est devenu lisse, le passé est totalement réécrit dans une novlangue qui fait de Staline une femme et de Staalgrad une bataille entre l’est et l’ouest. Dans ce monde merveilleux, il y a aussi les laissés-pour-compte, la ville basse, la ville des « sans », à l'image des bas-fonds du Meilleur des mondes. Ces habitants redoutent autant qu'ils jalousent ceux de l'élite avec leurs implants et leurs babes. N’oublions pas que les mondes parfaits sont obligatoirement semblables et celui de Rodolphe possède un petit quelque chose en plus qui tient sûrement à la présence d’un couple à la tête du pays. Néanmoins, le scénariste rompt avec ses prédécesseurs avec une intrigue qui ne dévoile pas tous ses éléments. Dès les premières pages, le lecteur est comme happé par cette histoire. On trouve immédiatement sympathique cette vie confortable avec une compagne androïde (là aussi certains parleront de copie de l’œuvre de Ian McEwan) que l'on change comme on changerait de voiture. Sans compter que la parité de mise : les hommes ont leur babe, les femmes leur boy. On éprouve bien quelques difficultés avec la relecture de l'histoire mais on se dit que c'est un mal pour un bien. C’est malgré tout un peu plus compliqué avec les nouveaux dirigeants qui, lors de leurs interventions holographiques, évoquent une guerre. De toute façon, on finit rapidement par s'identifier à Will, ce héros qui découvre le livre. Remarquez au passage la mise en abyme. C’est alors que l’intrigue de cette première partie se met en place autour de questions : qui a mis ce livre dans la poche de Will et dans quel but ? Cela donne une histoire bien construite, qui ne manque pas de rythme et où les rebondissements sont très cohérents. Mais si cet aspect de l'histoire est réglé en fin d'album, le scénariste nous mitonne une chute, qu'on était loin d'imaginer, pour encore mieux nous captiver dans l'attente du deuxième volet. Mais cet album ne serait pas si réussi sans la patte de Griffo. Le dessinateur belge nous régale avec ses univers variés : l’univers futuriste n’ayant d’égal que la crasse des bas-fonds. Mais on surprend ici où là des décors différents et très élégants qui rompent avec la froideur des intérieurs. Les personnages ont beaucoup de charisme, malgré l'uniformisation, et de charme. On peut certes regretter des cadrages souvent répétés mais on se rattrape avec une mise en page aussi dynamique que le scénario. La colorisation vient parachever cet univers futuriste grâce à des teintes froides qui ne se réchauffent que sporadiquement en fonction des endroits et des émotions.
 
Utopie apparaît donc comme un solide récit d'anticipation. N’hésitant pas à revendiquer sa filiation, cet album d'ouverture sait également construire son identité propre afin de satisfaire les désirs des lecteurs les plus exigeants.


Cédric
Chroniqueur
La Bande Du 9


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