Aldobrando
Acheter sur BD Fugue
ALDOBRANDO
Scénario : GIPI
Dessin : Luigi CRITONE
Couleurs : Francesco DANIELE / Claudia PALESCANDOLO
Éditions : Casterman
Aldobrando, archétype du anti-héros, mène le lecteur dans des aventures insolites et trépidantes sur les terres du château des Deux Fontaines dans un Moyen Âge imaginaire.
De nuit et sous une pluie battante, un cavalier confie son fils, Aldobrando, à un vieillard afin qu’il l’élève pour faire de lui « un homme comme il se doit ». Le père est en effet condamné à mourir dans « la fosse » où, selon la tradition, le sang doit couler. Devenu jeune homme Aldobrando est initié aux secrets de la magie auprès de son père de substitution qui s’avère être un sorcier. Et lors de la préparation d’une potion, la maladresse du fluet disciple fait que son maître est griffé à l’œil par un chat condamné à être ébouillanté. Aldobrando doit alors nécessairement trouver les feuilles de l’herbe du loup pour soigner et sauver le vieil homme. Mais cette quête s’avère ardue au cœur de l’hiver et tout se précipite lorsque, incidemment, Aldobrando rencontre sire Gennaro Montecapoleone des Deux Fontaines recherché pour avoir blessé gravement, avec une lance, le fils du roi… On le suit alors dans un périple où la quête de l'herbe du loup le dispute à un cheminement personnel. Les rencontres faites sont autant d'occasions de découvrir la vie comme avec la princesse Bianca dont il s'éprend et qui, après avoir été la fille adoptive du roi, a été contrainte de l'épouser même si le mariage n'a pas été consommé...
L'intrigue reprend les codes du rite initiatique avec l'herbe du loup, le grimoire et le personnage de benêt touchant. Cet ouvrage reprend en outre les caractéristiques du récit picaresque ; mais si le personnage du picaro est repris, Aldobrando est un personnage honnête et porteur de valeurs morales éloignées de son modèle espagnol. Pour autant, l'auteur revisite le genre épique à la mode de Don Quichotte puisque les valeurs chevaleresques sont érigées en exemples au gré d'aventures parfois rocambolesques.
Par ailleurs, le lecteur se régale avec les couleurs pastel intelligemment utilisées pour déterminer les divers lieux et rythmer la narration. Cette bande-dessinée se démarque par son graphisme et les très belles aquarelles qui la composent. Les couleurs contrastées sont remarquables et nous laissent percevoir la chaleur ou le froid des scènes.
Cette histoire se déroule durant une période qui se veut médiévale sans autre précision. Pour autant, le Moyen-Âge dépeint n'a pas vocation à être réaliste tout comme le cadre spatial ; au contraire, l'intemporalité et l'universalité sont recherchées. De plus, certains aspects de l'intrigue sont laissés en déshérence, comme si les blancs de l'Histoire étaient à combler par les lecteurs comme doit le faire Aldobrando. Ces incertitudes narratives vont d'ailleurs de pair avec les nuances des personnages : nulle trace de manichéisme y compris pour le roi libidineux idiot car manipulé par ses conseillers, mais veuf éploré et père sincèrement inquiet pour son fils blessé. Ainsi, si le réalisme n'est pas recherché, la justesse des portraits est présente.
Enfin, l’humour présent notamment dans le choix des noms des personnages égaye la lecture. Ainsi le tourmenteur du roi se nomme Gueulevice, son scribe, Paprasse, un de ses serviteurs, Lapérodine !
Au final, GIPI et CRITONE nous racontent une aventure à découvrir sans hésitation.
Lydie et Nicolas
Nicolas
Chroniqueur
La Bande Du 9
