La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Buck est un chien de berger. Malheureusement, Buck est peureux. Il ne sort jamais de sa niche. C'est ainsi qu’il s’est retrouvé seul, uniquement accompagné de la nostalgie du temps jadis. Lorsqu'un orage éclate et fait s'envoler sa niche, Buck se retrouve précipité dans un univers aussi fantastique d'extraordinaire. Toujours dans sa niche et accompagné d'un oiseau piqueur, il va aller de découvertes en rencontres, de frayeur en joie et va jusqu’à perdre sa demeure. Dépourvu de refuge, Buck va finir dans le caniveau avant d'enfin retrouver sa maison. Ensemble, ils vont partir à l'aventure, mais en confiance cette fois…

Chez Soleil, la collection Métamorphose occupe une place à part. Les albums qui la composent sont souvent à la frontière entre plusieurs styles et le résultat est souvent surprenant. Pour Buck, il en va de même. Dès la première approche, on est charmé, et intrigué, par son format à l'italienne quelque peu inusité depuis un moment. Et puis, ce chien aux yeux tristes et à la goutte au nez attire immédiatement la sympathie et donne une furieuse envie d'ouvrir l'album. C'est alors qu'on découvre une histoire sans narration ni dialogue. Vous allez me dire que cela rend la compréhension de l'intrigue plus ardue. C'est vrai qu'à quelques moments, on a un peu du mal à voir où Adrien Demont veut nous emmener. Heureusement, on se rattrape avec la poésie du dessin. Chaque planche est construite sur un plan en gaufrier de deux cases par deux ; avec ponctuellement de grandes planches qui viennent rompre la monotonie. Afin de rendre l'immensité de l'espace, chaque vignette ne possède pas de cadre et les contours arrondis apportent beaucoup de douceur au trait comme à l’histoire. Cette douceur, on la retrouve dans la colorisation. Les camaïeux de beige et de brun renvoient aux sentiments de Buck ; dans lesquels les nuages deviennent moutons et les arbres des amis. Car c'est ce qui marque le plus, la poésie enivrante de l'album, la somme des petits détails géniaux qui nous plongent dans un monde entre La Fontaine et Charles Perrault. Et puis il y a, comme dans tous les contes, une perception intemporelle et donc moderne à l'histoire. Et là, seul l'adulte parviendra à l'identifier et à faire passer cette morale aux plus jeunes.

C'est dans quel album atypique et bourrée de charme et de poésie que ce Buck le chien perdu. Un album à découvrir en espérant la suite tout aussi réussie.

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