La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Second volet de la montée en haine de Joseph Darnand à travers cette milice française de plus en plus proche de la Gestapo. Un récit traité avec intelligence et méthode par Pat Perna et Fabien Bedouel.
 
 1943, dans un camp d’entraînement des services secrets britanniques dédié à soutenir la Résistance française, Monsieur Paul a un rendez-vous des plus discrets pour traiter d’un sujet épineux, celui de la milice française et d’un de ses membres : Darnand. Ce dernier prend de plus en plus d’importance au sein de la milice et les alliés aimeraient le convaincre de les rejoindre. Comme atout, ils ont Chérubin, un agent qui n’est autre que Ange Servaz, l’ami de terrain de Darnand. Sa mission est de se faire recruter et accepter par la milice, approcher Darnand et le persuader de rejoindre les troupes alliées. S’il n’y arrive pas, il devra l’éliminer, ce qui par extension dans les deux cas, déstabilisera la milice ainsi que les Allemands. La mission n’est pas simple car Darnand est un idéaliste.
 
 Joseph Darnand, héros de la première guerre mondiale qui devient le pire collaborateur de la seconde. Pour le moment dans ce deuxième volet, Darnand est exposé comme un dangereux collaborateur de la milice mais qui semble encore être « sauvable ». Certes il est de plus en plus ignoble mais conserve malgré tout dans le secret et loin des caméras une part de lucidité, de bon jugement et cherche à sa manière à lutter contre les Allemands, contre les nazis, à combattre de l’intérieur tel un agent infiltré. Les auteurs ont ainsi réussi à réaliser ce tour de passepasse qui consiste à faire monter petit à petit les changements psychologiques au sein de ce personnage.
 
Ce changement est également intelligemment traité par les auteurs à travers les yeux (sans jeu de mots) des autres protagonistes de cette histoire. C’est leurs visions qui nous font comprendre que Darnand va devenir ce qu’il est devenu. On comprend davantage aussi le sort réservé à ces hommes qui tombaient entre les griffes de la milice ou des Allemands. Cet ouvrage permet également de mettre le doigt sur des abominations, des atrocités commises durant cette guerre comme celle perpétrée dans le ville de Lidice. 
 
Ce volume permet également de faire monter en puissance le personnage d’Ange Servaz qui occupe une bonne partie de l’album. Force est de constater que les alliés sont aussi stratèges que les Allemands. Ce second volet entre de plain-pied dans la catégorie espionnage.
Cette ambiance est renforcée bien évidemment par le dessin de Fabien Bedouel qui accentue en permanence ce sentiment d’insécurité, d’oppression par des gros plans très expressifs.
Le tome suivant est ainsi attendu avec impatience pour peut-être comprendre la mutation du monstre Joseph Darnand.

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