La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Dessin : Michel Suro
Couleurs : Elodie Jacquemoire
Editions : Soleil

 

La chrétienté est secouée par une maladie mystérieuse : le mal des esprits. Alors que le pape lie une alliance avec le Démon, Alaric de Rhédae et Ermangarde poursuivent leur enquête à Carcassonne puis à Bordeaux. Ils iront même beaucoup plus loin, sur l’Atlantide, dans la gueule du Mal.
Suite et fin de cette série, originellement prévue en 3 tomes, alliant histoire et fantastique. Même amputée, elle conserve tous ses points forts et reste un remarquable divertissement.
 
En cette année 1215, la chrétienté est frappée par un mal étrange ; une sorte de peste psychologique qui semble priver d’âme ses victimes. Nul n’est à l’abri, même pas Maxence, le frère de l’empereur Karl, descendant de l’illustre Charlemagne. Inquiet de sa propagation, le pape souhaite réunir un concile à Carcassonne durant lequel il veut consulter les sorciers et autres condamnés de l’Inquisition. Le pape se voit même contacter par son meilleur ennemi, le diable, ayant pris une forme féminine des plus sensuelles. Ce dernier lui propose une alliance pour lutter contre cet adversaire commun.

Sur le terrain, l’enquête est à la charge d’Alaric de Rhédae. Il faut dire qu’il est concerné au premier rang car sa sœur, Ida, est frappée par le mal. Accompagné d’Ermangarde, l’agent des missi dominici est en route pour Bordeaux. Le duo est réquisitionné à Carcassonne afin de résoudre un septuple meurtre dans la cathédrale. Il est absolument hors de question de débuter le concile si le lieu saint a été souillé par le démon.

Alaric trouve rapidement le coupable et, le malin innocenté, repart vers Bordeaux. Il est loin d'imaginer que sa quête va le mener beaucoup plus à l'ouest, en Atlantide, sur les terres du mal.
 
5 ans ! Il aura fallu attendre 5 ans pour pouvoir lire la suite, et la fin, des aventures d’Alaric de Rhédae et d’Ermangarde. Richard D Nolane nous place dès les premières pages dans une réalité alternative et fantastique. La troisième religion du Livre n’existe pas ; à l’inverse de l’empire de Charlemagne. Le pape doit faire face à une maladie inconnue surnommée le mal des esprits. Pour cela, il n’hésite pas à lier une alliance contre nature avec le diable. Cela dit, vu l’apparence du démon, on ne peut pas lui en vouloir ; d’autant que le malin a plus d’une carte dans sa manche. À l’autre bout de l’Empire, Alaric et Ermangarde poursuivent leur enquête. Ralentis par une affaire urgente à Carcassonne, ils se rendent rapidement à Bordeaux où semble être l’origine du mal. C'est donc une intrigue bien construite qui se déroule au fur et à mesure des pages. Le lecteur prend plaisir à découvrir les nombreuses péripéties qu’offre le scénario, sans jamais se retrouver pris au dépourvu par une référence historique ; comme cela peut arriver dans ce genre de fiction à base réaliste. Le passage de trois à deux albums a nécessité de nombreux aménagements mais cela ne se ressent pas à la lecture. C’est toujours Michel Suro qui assure le dessin. Après Les enquêtes de Séraphin Cantarel chez Delcourt et toujours fort de sa maîtrise du Moyen-âge grâce au Clan des chimères et autres Raimond le Cathare, le dessinateur met son style réaliste, influencé par Hergé, au service du récit historico-fantastique de Nolane. Une fois de plus, c’est très réussi et on prend toujours autant de plaisir à déambuler dans Bordeaux accompagné par nos héros qu’à visiter la mystérieuse Atlantide.
 
Il en va des séries comme des hommes. Certaines vieillissent rapidement et disparaissent jeunes. C’est probablement le sort qui était réservé à ce Démon. Heureusement, même amputé d’un troisième volume, l'intrigue est cohérente et très joliment mise en image. Un très bon moment de lecture.

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