La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Andrée est une jeune juriste et l’assistante de l’avocat des démunis de Nécroville jusqu’au jour où son chemin va croiser celui d’un coffre aux Âmes.
Lewis Trondheim et Joan Sfar nous livrent une histoire toujours aussi dingue et s’offre le dessin d’un Guy Delisle qui démontre qu’il est au moins aussi déjanté que les scénaristes.
 
La ville de Nécroville a bâti sa richesse et sa réputation sur la Mort :  les morts enterrés-là ne quittent pas la terre et les familles endeuillées font la prospérité de la cité. C'est là que l'avocat Ravin convainc l'irréprochable Andrée de devenir son assistante. Pour faire toujours plus de place aux riches et vivants, le conseil de la ville souhaite raser les caveaux et expulser les habitants, vivants et morts. Et les notables sont prêts à toutes les extrémités : ils font venir un coffre aux esprits afin d'emprisonner tous les morts de la cité. Malheureusement, Andrée va se retrouver piégée dans le coffre et, par un concours de circonstances improbables, la juriste va se retrouver au donjon de De la Court. Le pire, c'est qu'elle n'est pas encore au bout de ses surprises…

On ne présente plus la fantasmagorique série Donjon née de l'imagination débridée et de la complicité de Johan Sfar et Lewis Trondheim. On ne compte plus les séries annexes qu'ils ont créés. C'est ainsi que Donjon Monster rend hommage, à travers une histoire originale, à un personnage secondaire d'une des séries principales. Mais de toutes ces explications, les fans se moquent car ils maîtrisent déjà tous les recoins du Donjon à la perfection. Pour ce 16e opus, les deux compères restent fidèles à leurs habitudes avec une histoire totalement barrée mais qui n'est pas sans faire écho notre société. Dans une ville qui doit sa richesse aux morts, le comité d'urbanisme veut liquider les cimetières pour construire des logements de luxe aux vivants venus rendre hommage à leurs défunts. Ou comment se tirer une balle dans le pied ?!? Andrée, l'héroïne est une jeune juriste et l'assistante de l'avocat des pauvres et des macchabées. En réalité, c'est une anti héroïne comme seul Donjon est aujourd'hui capable d'en créer. Couarde, elle ne trouve le courage que devant des exactions … administratives ! Sa rencontre avec le coffre aux âmes va lui faire vivre une aventure totalement dingue et fondamentalement la bouleverser. Autre élément déglingué, et pas de moindre, c'est le dessinateur à qui les scénaristes ont confié le soin de mettre en images cette histoire. Bien sûr; il est,  de confession de dessinateur, impossible de dire non à Trondheim et Sfar mais là, c'est Guy Delisle ! L'auteur s'est davantage fait connaître grâce à ses romans graphiques d'inspiration journalistique comme ses Chroniques de Jérusalem , ses Chroniques birmanes ou encore S'enfuir, son récit biographique d'un otage. Bien sûr, on savait que l'artiste avait un côté obscur depuis le Guide du mauvais père mais là, on sent bien qu'il s'est complètement lâché ! Les personnages sont totalement barges avec un satisfecit particulier pour les petits fantômes aussi flippants qu’hilarants. Les décors respectent le cahier des charges médiéval et foutraque. Si la mise en page est relativement simple, les angles de vue sont géniaux d'originalité et de variété. Le tout est mis en couleur avec toujours beaucoup de vivacité par Walter.

Avec ce 16e Donjon Monsters, les fans vont pouvoir se régaler. Pour ceux qui ne connaissent pas cet univers, il s'agit d'une géniale porte d'entrée dans le monde déjanté de Sfar et Trondheim. Mais méfiez-vous ; une fois entré, il est impossible de sortir de ce Donjon !

x J'aime