La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Lorsque le tigre de Sibérie est blessé, seul lui importe la vengeance!
Une enquête policier dans l'extrême Orient russe autant qu'un plaidoyer écologique au rythme haletant!
 
Aux confins du monde, dans l'extrême Orient russe, à la frontière avec la Chine et la Corée vit paisiblement le tigre de Sibérie. Malheureusement pour le félin, les mafias russe et chinoise saccagent son habitat en déforestant massivement la forêt sibérienne. Même les garde-forestiers de l'Amour Tiger Center ferment les yeux tant il est dangereux de se mettre ces bandits à dos. C'est dans ce contexte que débarque Sabine Köditz et toute son équipe de tournage. Son objectif: faire un documentaire sur le royal animal mais, devant l'ampleur de la catastrophe annoncée,  il mettra davantage l'accent sur la destruction de l'habitat naturel du tigre. Puisque elle n'en n'est pas à son coup d'essai, Sabine est hautement surveillée et son entrée sur le territoire russe ne passe pas inaperçue. Aussitôt la mafia sino-russe dépêche ses tueurs pour liquider le problème. Tueurs qui ne trouvent rien de mieux, pour passer le temps, que de chasser un tigre, le blessant gravement. Ils ignorent que lorsque le félin est blessé, l'Amba, l'esprit vengeur de la forêt, prend possession de la bête. Dès lors, ni les brigades forestière ni les agents du centre de protection ni les écologistes ni même les mafieux ne sont en sécurité...

Après une période estivale marquée par des inondations inédites en Europe et des incendies monstres, les climato-sceptiques sont de moins en moins entendables. En revanche, il en est que l'on ne voit ni n'entend jamais, ce sont ceux qui s'enrichissent sur le dos de la nature:  les mafieux de tous poils et de toutes nationalités qui détruisent l'environnement à leur seul profit. Et si la nature se rappelait à eux comme elle s'est rappelée à nous cet été. C'est un peu ce que Gregorio Muro Hariet nous raconte à travers ce diptyque. Le scénariste donne un corps à la nature, et pas n'importe lequel puisque il s'agit de l'empereur des steppes: le tigre de Sibérie. Le symbole est puissant car l'animal fait partie des plus menacés au monde. Mais avant de faire sa connaissance, le scénariste nous pose le contexte. Malgré les sanctions, ou d'ailleurs à cause d'autres sanctions, la Russie trafique toujours autant d'arbres avec son industriel voisin chinois. Face à la puissance de l'argent, nul ne peut résister et la jeunesse sibérienne perd vite son innocence ou quitte tout aussi rapidement le pays. C'est cet état de fait qu'une équipe de cinéastes écologiques vient dénoncer, non sans se douter des réactions que va susciter leur film. Ils ignorent qu'un braconnier a tiré sur un tigre. L'animal blessé n'a dès lors plus qu'un seul but: la vengeance et peu lui importe l'Homme qui lui tombe sous la patte. Bien évidemment, le rythme s'emballe et on se retrouve à la fin de l'album avec une faim de tigre! le scénariste mêlant avec brio le suspense de l'espionnage, la réalité écologique et la critique sociétale. Il faut dire qu'il est admirablement soutenu par le dessin réaliste d'Alex Macho. La mise en page démontre d'un style ultra dynamique tout en permettant à l'illustrateur espagnol de soigner les détails de chaque case. Les personnages ne manquent pas de charme et, même si certaines expressions semblent  forcées, le lecteur n'est jamais égaré. Et puis, il y a le grand héros qui irradie véritablement par son absence. Représenté à quelques rares d'occasion, le tigre est omniprésent et chacune de ses apparitions, rapides comme l'éclair sont autant de moments bonheur. Il ne faudrait pas oublier le spectaculaire travail de colorisation de ces paysages enneigés de Garluck Aguirre.
 
Au final, ce Féroce augure d'un diptyque spectaculaire au rythme effréné, mélange d'enquête policière, de plaidoyer écologique et de critique sociétale! Une vraie réussite!
 

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