La bande du 9 : La communaut du 9ème art

L’amitié entre deux auteurs peut donner de belles histoires, c’est le cas pour ce Road Trip où Jean-Luc Cano et Pierre-Denis Goux sont tous les deux sortis de leur zone de confort pour livrer un roman prenant, attractif avec des personnages attachants et mystérieux.
 
 
Sur la plage de Biarritz, deux amis surfeurs contemplent le coucher de soleil. Sam le plus rêveur se voit traverser l’océan pour rejoindre les Fidji. Vincent le ramène à la réalité, s’il traverse l’océan, il va se retrouver au Canada. Peu importe, « l’important c’est pas ce que tu sais, c’est ce que tu crois ». Un an plus tard, Vincent est en ménage avec Lucie dans la grisaille parisienne. Ils cherchent à acheter leur premier appartement, Vincent travaille dans la boîte du père de Lucie, tout va pour le mieux mais Vincent semble soucieux, triste, l’esprit ailleurs même lorsqu’il passe une soirée avec les amis de Lucie. Visiblement, il a l’air contrarié de retourner sur Biarritz alors qu’il n’y a pas mis les pieds depuis un an, ce projet le met en état de stress et d’énervement jusqu’à ce qu’au coin d’une rue, il tombe nez à nez sur son Frérot Sam.
 
 
A partir de cet instant, un road trip démarre, Vincent lâche prise, tout explose autour de lui, il va faire les 400 coups avec son ami Sam, se mettant en danger, ne respectant plus la loi, une seconde jeunesse s’offre à lui mais au risque de tout perdre.
Jean-Luc Cano, (auteur notamment sur la série Elric), s’attaque à un tout autre domaine avec cette histoire contemporaine de deux amis qui partent en road trip entre « Very bad trip et Thelma et Louise ». L’histoire est découpée en plusieurs chapitres avec un rythme, une tension plus que palpable entre les deux personnages et qui frôle à chaque fois le règlement de compte, une escalade de violence physique et verbale qui ne cesse de monter de chapitre en chapitre jusqu’au chapitre final. Même si à la lecture, on devine assez facilement la fin et que cette dernière n’offre pas de rebondissement inattendu, la lecture est agréable, prenante et le scénario est bien construit autour du personnage de Vincent, son mystère, les secrets de son passé, sa personnalité à être capable de tout plaquer.
 

Côté dessin, Pierre-Denis Goux est une véritable bonne surprise. Nous avions l’habitude de le voir depuis des années sur des séries concept telles que Elfes, Nains, Merlin … mais était-il capable de nous proposer autre chose. A travers cet album, Pierre-Denis Goux a pris un véritable risque car il sort totalement de sa zone de confort, de ses petites habitudes à dessiner des personnages et des décors imaginaires. Dès les premières planches, un style méconnaissable apparaît et l’auteur nous propose des personnages charismatiques, identifiables et le tout dans un décor on ne peut plus réel. Vient ensuite le découpage qui suit parfaitement l’idée du scénario et qui apporte une énorme valeur ajoutée par son rythme et la proposition de cases passant de petites cases intimistes à des pleines pages. Pierre-Denis Goux a réussi son pari, cet album va lui ouvrir d’autres perspectives.
Coup de chapeau également à la coloriste Julia Pinchuk qui apporte toute l’ambiance souhaitée par le scénariste et le dessinateur. Le petit plus indispensable pour faire un très bon album. Elle a réussi à alterner une mise en couleur chaude à terne selon les ambiances permettant ainsi aux lecteurs de se plonger totalement dans l’histoire et d’en ressentir les situations.
Ce one shot, road trip vous est fortement conseillé si vous aimez les histoires d’amitié complexe, les personnages mystérieux le tout sur un scénario crédible et qui tient la route de bout en bout.

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