La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Un polar bien différent du genre avec un graphisme léger, de l’humour, une enquête qui se fait en douceur mais qui reste crédible et prenante. Une belle réussite pour Jordi Lafebre.
 
 
L’histoire débute sur le toit d’un immeuble de Barcelone à quelques rues de la Sagrada Familia. Eva, jeune psychiatre, se tient debout sur une rambarde au risque de tomber dans le vide. A ses pieds, son collègue qui est chargé de lui faire suivre une thérapie la supplie de descendre pour reprendre la séance dans son cabinet. Une fois ces évènements passés, Le docteur Llull arrive enfin à faire assoir Eva pour la questionner afin de comprendre sa personnalité pour pouvoir poser un diagnostic sur la santé mentale de la jeune femme. Un véritable casse-tête pour lui. Afin de la comprendre, il lui propose qu’elle lui raconte sa semaine tranquillement et ceci de manière chronologique. Eva s’exécute et commence par le début de la semaine par du shopping jusqu’à ce que son amie Pénélope lui demande de venir l’accompagner à l’ouverture du testament de sa grand-mère en tant que personne de confiance. La partie de Cluedo vient de démarrer.
 
 
Après avoir œuvré quelques années avec la série « Les beaux étés », puis l’album « Malgré tout » Jordi Lafebre aurait pu se voir coller une étiquette d’auteur romantique nostalgique. Avec ce nouvel album en solo, Jordi Lafebre prend tout le monde à contrepied puisqu’il va se lancer dans le polar.
Tout d’abord il va créer un personnage totalement atypique avec une jeune fille nommée Eva, jeune psychiatre excentrique à la fois par son comportement, ses tenues, ses tatouages, sa sexualité et qui accessoirement entend des voix sans oublier son petit penchant pour le cava (vin mousseux catalan). Cette dernière passion va lui être utile car elle va se retrouver au milieu d’une famille de riches vignerons à laquelle appartient son amie Pénélope, où l’ouverture du testament ne va pas se passer comme prévu, un cadavre ayant fait son apparition. Malgré les interdictions de la police, Eva va mener sa petite enquête personnelle pour mettre au grand jour les querelles et secrets familiaux qui ont conduit à un meurtre.
 

Pour cette première dans le monde du polar, l’auteur n’a pas révolutionné le genre avec cette enquête à la Cluedo mais il a apporté un brin de légèreté, d’humour, une approche différente avec un découpage scénaristique différent d’une enquête classique avec flash-back, les voix d’Eva, tout en gardant une lisibilité à la lecture, emportant ainsi le lecteur dans un tourbillon de suspense au fil des planches, qui l’empêchera de décrocher avant la dernière page. Un beau travail.
Pour le dessin, l’auteur n’a pas changé le style utilisé dans Les beaux étés mais l’histoire n’en souffre pas car il n’y a pas forcément besoin d’un dessin dur dans le polar. Son trait est léger, plaisant à regarder avec des personnages expressifs.
En conclusion, l’histoire débute mais l’on ne sait pas trop où l’on va être embarqué et plus l’histoire avance et plus cette dernière est prenante pour qu’on finisse par se dire, c’est un bon bouquin.

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