La bande du 9 : La communaut du 9ème art

1802, la prêtresse nambo organise une cérémonie vaudou pour libérer le général Toussaint Louverture. Avec le soutien de Walker, les esclaves de toute l’Amérique se soulèvent. Mais est ce bien la liberté qu'ils vont obtenir ?
Un Jour J à connotation humaniste et vaudou. Une grande et belle uchronie !
 
Juin 1802. Alors que le général Toussaint Louverture est retenu prisonnier, la prêtresse nambo Cécile Fatiman organise une cérémonie vaudou. Son objectif : inciter des volontaires à organiser une expédition sauvetage. À la surprise générale, c'est un blanc qui accepte de boire le sang de cochon et de prendre ainsi la tête de la troupe. Un blanc, un Irlandais répondant au nom de Walker. Une fois le général Toussaint libéré, les esclaves se soulèvent et renversent le pouvoir en place. Les anciens maîtres Français sont laissés en vie pour ne pas que leur esprit n’hante la toute jeune République d’Haïti. Pour Walker, il faut continuer sur cette lancée, débarquer en Floride avant que le président des États-Unis n’aide la France. Certes Toussaint est sceptique mais il laisse Walker tenter sa chance. Sur le continent, l’irlandais devient rapidement le Bizango, l'esprit qui vient la nuit pour rendre la justice. Tout aussi rapidement les États du Sud s’embrasent. La Couronne britannique n’en espérait pas temps pour punir les 13 colonies indépendantistes. Quant à Walker, quel est réellement son objectif?
 
On ne présente plus la série uchronique Jour J dont le principe est de se dire « et si ? » Et si les Soviétiques avaient été les premiers sur la Lune ? Et si Oppenheimer n'avait pas terminé ses travaux sur la bombe atomique ? Et si Toussaint Louverture avait été libéré en 1802 ? C'est à cette dernière question que ce 35e opus le Jour J tente de répondre. La Révolution avait aboli l'esclavage. Napoléon et le Directoire l'ont rétabli. C’est alors qu’un jeune général antillais chasse les colons qui reviendront et reprendront le pouvoir de force. Dans cette histoire, un personnage est souvent évoqué sans plus de détails : le légendaire anglais Walker. Fred Duval, Jean-Pierre Pécau et Fred Blanchard l'imaginent continuant la révolte sur le continent.
Souvent, lorsque les uchronies sont « anciennes », le lecteur éprouve des difficultés pour « rattacher les wagons ». Pas de problème ici ; le contexte est suffisamment bien évoqué afin que le lecteur ne se sente pas perdu. Le ton n'est cependant pas professoral : les indications étant fournis toujours en plein cœur de l'action. De l'action, ce n'est pas ce qui manque. C'est à peine s'il y a quelques pages durant lesquelles les protagonistes discutent plus qu'ils ne se battent. Le rythme est donc rapide et les quelques flashback sont toujours extrêmement judicieux afin d’éclairer la vie de Walker. Pour mettre en images ce scénario humaniste et vaudou, Delcourt a demandé à Dim.D. Le choix semble judicieux car le dessinateur d'Aleph et du Seigneur d'ombre est un grand amoureux d'heroic fantasy. Son trait réaliste rend les décors soignés et les personnages expressifs. C'est bien là l’atout de cet album car le vaudou ne doit pas facilement se laisser appréhender. Pour le reste, les cadrages sont aussi variés que précis et la colorisation nous fait prendre un billet simple vers les Caraïbes du 19e siècle.
 
Un Jour J humaniste, vaudou et où au final les Anglais gagnent toujours. Tel pourrait-être l'adage cet album fort attachant.

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