La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Les luttes de pouvoirs s'intensifient et chaque camps se renforce. Dans cette partie de carte, la jeune Oriane a une place à part. Il en est de même pour Vivien, le fils né du premier amour du roi. Néanmoins, un nouveau joueur entre en piste dont le rôle sera certainement déterminant: Tête Noire.
La Complainte des Landes perdues a toujours une place à part dans la bande dessinée européenne: un mélange d'heroic fantasy et de grande élégance du style. Ce cycle des Sorcières, bien qu'ayant une intrigue plus simple, ne fait pas exception. C'est toujours une grande histoire magnifiquement illustrée.
 
Paniquée par l'influence grandissante que Vivien prend sur le trône des Marches et devant les risques qu'il fait peser à la reine Jamaniel, Brynia convoque les sorcières. Elle évoque le réveil de Tête Noire, un démon extrêmement puissant de l'ancien temps. Refusant cette idée; l'ordre, en la personne de Sanctus, supprime la vieille sorcière. A des lieux de là, au château du roi Brendan, la sœur de Brynia promet de se venger. Elle prend le contrôle de la reine et poursuit le projet de ramener Tête Noire du monde des morts . Pour cela, elle doit apprendre où est enterrée sa dépouille. La seule à être au courant est Dame Ceylan, la mère d'Oriane. Commence alors une course contre la montre pour récupérer le cadavre du démon tandis qu'à l'autre bout du royaume, la sorcière parvient à faire assassiner le roi et à exiler Vivien. Elle semble dès lors toute-puissante...


On ne présente plus La complainte des Landes perdues, l'œuvre d'heroic-fantasy signée Jean Dufaux. Après un premier album d'exposition fort réussi, l'homme aux mille scénarii nous immerge au cœur de l'intrigue de son cycle Les sorcières. Certains esprits chagrins diront peut-être que le scénario est banal car, en effet, l'intrigue repose majoritairement, et certainement que pour le moment, sur une lutte de pouvoir. Qui pour succéder au roi Brendan? son fils légitime Elgar soutenu par sa mère et la sorcière Brynias ou son fils bâtard, Vivien soutenu par l'Inferno Flamina. Dans cette lutte, un allié pourrait bien être aussi déterminant que dangereux: Tête Noire. Jean Dufaux distille ainsi les éléments de son intrigue sans nous montrer vraiment sa main; car à chaque fois qu'il dévoile un indice, il nous réserve mille embûches. Pour le reste, l'album est truffé de rebondissements et le rythme est aussi soutenu qu'un roman de Tolkien. Personnellement, je trouve d'ailleurs quelques similitudes entre les deux quêtes, preuve s'il en était de besoin de la qualité de l'œuvre.
Après Rosynski et le regretté Philippe Delaby, ce cycle a été confié à  Béatrice Tillier. Une nouvelle fois la dessinatrice du Bois des vierges démontre toute la tombe de son immense talent. Il n'y a pas un personnage qui ne soit parfait, pas un cadrage que ne soit aussi précis que judicieux, pas un décor qui ne fournis de détails. C'est bien simple, on a vraiment l'impression d'être face à un catalogue d'exposition tant le très est sublime. Et puis il y a la colorisation qui rehausse encore (oui oui c'est possible) le tout. Le choix de couleurs pastels est extrêmement judicieux puisque il confère à l'ensemble un aspect hors du temps en parfaite adéquation avec le récit.

Après deux cycles réussis et à la disparition prématurée de Philippe Delaby, auquel Béatrice Tillier rend un vibrant hommage, on aurait pu craindre que La complainte des Landes perdues perde un peu d'intérêt. Il n'en est, bien au contraire. Il s'agit toujours d'une série majeure en matière d'heroic fantasy sublimée par l'élégance du trait. Malheureusement, il ne nous reste plus maintenant qu'à attendre Regina obscura, le 3e tome de la saga

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