La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Scénario : Manu Larcenet d’après l’œuvre de CormacMcCarthy
Dessin : Manu Larcenet
Couleurs : Manu Larcenet
Éditions : Dargaud

 

  Avec "la route", Manu Larcenet nous propose une revisite magistrale de l'œuvre phare de l'écrivain américain Cormac McCarthy.
 
 

  Dans un monde gris où tout n'est que désolation, froid  et cendres, un père et son fils tentent de survivre . Le froid devenant insoutenable dans le nord, ils n'ont d'autres choix que de rejoindre le sud d'une Amérique Ravagé par un probable apocalypse, avec pour simple protection un revolver.
 Avancer, toujours aller de l'avant et espérer, croire en de meilleurs lendemains. Suivre cette route jalonnée d'embûches et entièrement recouverte de cendres. Un monde désolé où parfois la chance sourit tout de même et leur laisse récupérer quelques menus ravitaillements. Toujours aux aguets, sur le qui-vive, ils poussent leur caddie dans lequel tient toute leur vie. Aux difficultés et aux défis qui jalonnent leur route, s'ajoute le fait que le père tombe gravement malade, sans doute une infection du poumon genre une vilaine pneumonie. Néanmoins, il s'évertue à pousser son fils, tentant de lui transmettre l'espoir et l'envie de rester en vie comme s'il était le dernier rempart d'une humanité en perdition. Tentant de lui enseigner les derniers préceptes faisant de nous "des hommes" du moins au sens civilisé du terme. Une relation très touchante, entre ce père tentant désespérément de rassurer son fils et de lui rappeler à tout prix qu'ils sont les bons par opposition aux méchants qui eux mangent de la chair humaine et ce fils, qui a su gardé son empathie, toujours prêt à porter main-forte à autrui, même à ceux qui ne le mérite pas. Avec cette adaptation en bande dessinée, Manu Larcenet tente le pari fou de décrire le néant, l'apocalypse à l'état pur, dans de longues scènes où les dialogues sont souvent inexistants, mais où l'atmosphère est pesante. Il parvient à totalement s'approprier l'univers sombre et fascinant du roman de cormac McCarthy. Un livre plein de silence contre-balancé par des illustrations graphiques à couper le souffle. Les paysages apocalyptiques sont une invitation à la contemplation, on se noie dans ces pages, absorbées par ce désastre où le mal semble s'être tapi au prochain détour de chemin. Nous montrant des corps décharnés, affaiblis par la faim, À la manière des expressionnistes, et rappelant les corps décharnés d'Egon Schiele. Du scénario à l'illustration, en passant par la colorisation, faite dans une multitude de tonalités de gris et de noirs, Manu Larcenet parvient à réaliser une adaptation au-delà de l'adaptation allant jusqu'à l'appropriation. Un album où on en prend plein les yeux et dont on ne ressort pas indemne au vu de la dureté du propos. Un album d'une grande justesse qui tient ses promesses.
Sans doute l'une des meilleures BD de l'année, une œuvre magistrale à se procurer d'urgence.

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