La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Scénario : Thomas Cadéne
Dessin et couleur : Grégory Mardon
Edition : Futuropolis

Jean partage sa vie entre son emploi d’agent technique, le jour et le web, la nuit. Enfin, il ne partage pas puisque tout en en lui ! Une évocation de l’influence d’internet sur la construction de l’identité, la complexité des relations humaines ; ses aspects positifs comme négatifs !
 
Le premier geste de Jean, au réveil, est d’allumer son ordinateur : info, twitter et cour de la bourse. Pourtant, Jean n’est pas tradeur ! A trente ans, il travaille comme agent technique dans une ville de province et il passe toutes ses soirées sur le web. Tout y passe, des sites pornos aux sites d’informations en continue en passant par les forums et les jeux en ligne. Une nuit, alors qu’il recherche de la compagnie 2.0, il rencontre une personne habitant le Wyoming qui refuse de se montrer. Jean ignore s’il s’agit d’un homme ou d’une femme mais le contact s’établit et une relation débute.
Dans la « vie réelle », Jean fait la rencontre de la jolie Carine qui revient de Paris et est embauché à la mairie. Et nous suivons donc ces deux histoires en parallèle : l’énigmatique Timfusa et la jalousie pour cet(te) ami(e) de Carine.
Mais lorsque Jean découvre qu’il est atteint d’une maladie incurable, il aura besoin de tous ses amis pour surmonter l’épreuve.
 
Thomas Cadéne dresse le portrait  d’une génération qui se cherche, qui se construit par tous les moyens possibles, réels comme virtuels. La brochette de personnages est intéressante, chacun possédant sa propre profondeur. Il n’y a pas de lourdeur même si l’ami-collègue est parfois un peu gras. On aurait pu craindre un simple portrait de geeks mais il n’en ait rien ! L’intrigue, ou plutôt les intrigues s’emboitent bien et l’histoire ne manque pas de rythme.

A  cela s’ajoute un aspect psychanalyse individuel : quels sont mes relations avec le web ? Où me situe-je par rapport à Jean ? Ces questions, tous les lecteurs se les poseront ! Mais La Vraie Vie livre une réponse plutôt cohérente : « on ne peut pas avoir deux vies. On n’en a qu’une, même si elle a plusieurs facettes ». Dans le même temps, l’univers 2.0 n’est pas décrit comme un monde rose. On y aperçoit le coté obscur du web qui prend d’ailleurs la forme de sexe masculin !
Avec un style graphique à la fois moderne et sobre, Grégory Mardon donne vie à cet univers contemporain. Il utilise à merveille le style patchwork de nos écrans afin de démontrer la complexité, l’emboitement des vies. Il n’oublie pas non plus les pages «  tchat » qui ne donnent qu’à lire et comprendre les personnages.
Et au final, on plonge dans ce voyeurisme que constitue l’internet mais on en ressort légèrement différent, comme bouleversé par un dénouement apaisant.




 

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