La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Ce one shot a une saveur particulière, un hommage pour ceux qui connaissent et aiment la série « Chinaman », un magnifique album avec de multiples histoires intelligemment ficelées pour ceux qui découvrent l’univers de cette saga.
 
 
En Californie aux alentours de Maricopa, accroupis sous un pont, les sheriffs du coin attendent près du corps d’une jeune fille les hommes de l’agence Pinkerton. Pour Matt Monroe, ce sont ses premiers pas sur le terrain et il aurait préféré commencer par autre chose que le meurtre d’une jeune fille de 18 ans qui plus est, est la fille du banquier de la ville. Les indices sont maigres à part les deux mexicains qui ont trouvé le corps. Wheeler, le supérieur de Monroe, lui confie la lourde tâche d’aller annoncer la mauvaise nouvelle à la famille.
Pendant ce temps à Idlewild, Marcus cherche en vain son ami Chen Long dans les basses rues et tripots de la ville. Il va le retrouver très logiquement dans l’arrière-cour d’une fumerie d’Opium. Cet homme que l’on appelle également Chinaman semble bien loin d’un modèle du genre, il est au bout de sa vie, déprimé, abattu. Marcus le grimpe dans son chariot, retour au bercail. 
   
Sortie dans les bacs en 1997 avec le titre « La montagne d’or », la série « Chinaman » comptera 9 épisodes sur une dizaine d’années. Rares sont les séries qui donnent le premier rôle à un asiatique au-delà de celles consacrées à la culture des pays du soleil levant. Chinaman a été et reste une petite révolution du genre avec ce personnage débarquant de Chine pour le Far West au 19ème siècle en pleine construction ferroviaire, mais les aventures de John Chinaman vont surtout être basées sur l’esprit de liberté ou comment trouver sa place dans ce nouveau monde.
 
Quatorze ans après, sort « le réveil du tigre ». Loin d’être une suite, cet album one shot sort comme un hommage à la série mère, une sorte de reconnaissance des auteurs et du milieu de la BD.
« Le réveil du tigre » a été construit intelligemment, permettant de lire l’album sans connaître tous les codes de la série mère et les références. On y retrouve bien entendu John Chinaman, vieilli, gonflé à l’opium, loin de l’image du mercenaire que l’on a connu. Et puis on découvre petit à petit que l’album est composé de plusieurs histoires qui s’entremêlent avec le passé de John Chinaman, ses relations avec Monroe, l’histoire des meurtres et disparitions de jeunes filles, autant de sujets à négocier pour Serge Le Tendre. Le pari était risqué et aurait pu causer la perte de cet album mais au contraire, ces trois histoires s’enchaînent parfaitement, la lecture est fluide, un vrai moment de bonheur.
 

Graphiquement, Taduc a sûrement laissé un bout de son âme dans cet ouvrage, la série Chinaman lui ayant ouvert la voie à la notoriété qu’on lui connaît maintenant. L’auteur ne s’est pas loupé, les planches sont détaillées, fournies, les personnages vivants, dynamiques, expressifs, cet album transpire la passion, l’envie de réussir, comme pour donner à cet ultime album toute la reconnaissance que la série mère mérite.
A titre personnel, j’avais beaucoup d’espoir sur cet album, sorte de bouquet final d’une série culte. Le résultat est au-delà de mes attentes, l’ouvrage est à conseiller à tout le monde et surtout à ceux qui ne connaissent pas la série. Attention cette lecture pourrait vous donner envie de vous replonger dans la série « Chinaman ».
 

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