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La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Bandeau de l'article Les 5 drapeaux 1/5 Liberté, Egalité, Fraternité

Les 5 drapeaux 1/5 Liberté, Egalité, Fraternité

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Les 5 drapeaux
1/5 Liberté, Égalité, Fraternité
 
Scénario, dessin et couleurs : PAU
Éditions : Paquet

 
En 1936, le jeune Vicente part à la guerre. Intelligent et volontaire, il devient rapidement commissaire de compagnie. Bien plus tard, en 1939, après le retraite, dans un camp français, il se remémore cette époque.
Pau adapte l’autobiographie de son grand-père qui servit sous 5 drapeaux. Un récit extrêmement touchant grâce à une construction judicieuse et un anthropomorphisme assumé.
 

Février 1939, la Retirada. À la frontière franco-espagnole, face à la poussée des nationalistes de Franco, bien aidés par Hitler et Mussolini, les soldats réguliers et les miliciens sont contraints de battre en retraite. Affront suprême ; les Français, qui n’ont pas voulu intervenir dans la guerre civile, leur demandent de déposer les armes avant d’entrer dans l’Hexagone. Pour Vicente, jeune capitaine de compagnie, le pire est encore à venir. Sans préparation et jetant un regard hostile sur ces étrangers, la République française décide de parquer les civils comme les militaires dans des camps proches de la frontière. À même la plage et en plein hiver, les conditions de vie sont déplorables. Tout doucement, la vie va tout de même reprendre ses droits et les réfugiés vont s’organiser. Tout doucement, les nouvelles d’Espagne reviennent. Pour Vicente, ce retour à la routine devient insupportable car il n’a de courrier ni de sa famille, ni de Maria, une jeune fille dont il est tombé éperdument amoureux. C’est alors l’occasion de se remémorer le passé :  la guerre et les blessures, les violences et l’amour…
 
Lorsque l’on évoque la guerre d’Espagne, c’est indéniablement Guernica qui vient à l’esprit. Il faut dire que l’immense œuvre de Picasso est d’une puissance extraordinaire. C’est malheureusement oublier un peu vite que toutes les guerres sont des histoires d’hommes et que l'Espagne a servi de répétition générale aux troupes nazies. Pour Pau, ce sont surtout les histoires que lui racontait son grand-père les après-midi de vacances. Dès lors, lorsqu’il décède en 1999, l’artiste espagnol décide d’adapter ses mémoires dans son médium : la bande dessinée. Il fait le choix de récits imbriqués. C’est ainsi que ce premier volet s’ouvre sur les vacances joyeuses à Majorque. C’est évidemment l’occasion de montrer toute l’affection qu’il porte à son aïeul fantastique. C’est également l’occasion d’introduire ces fameuses mémoires et d’insérer un récit en focalisation directe. On se retrouve donc à la frontière franco-espagnole. En pleine retraite, le jeune capitaine Vincente est tiraillé. Il est reconnaissant à la France de l’accueillir mais il déteste cette République qui ne l’a pas aidé et qui lui impose de déposer les armes. Cette haine va même s’approfondir lorsqu’il découvre que les républicains espagnols vont être parqués à même le sable dans des camps. C’est surtout la solitude qui va pousser Vicente à regarder son passé. C’est ainsi qu’on apprend les raisons de son engagement, qu’on découvre la violence des combats. Cette construction qui alterne les flashbacks à différents moments est extrêmement intéressante. D’autant que Pau s’est livré à un important et précis travail de documentation préparatoire. Le seul écueil aurait été que les lecteurs se perdent dans les limbes temporels. Mais le dessinateur-coloriste a réponse à tout ! Il a choisi un type de colorisation propre à chaque époque, à chaque drapeau qui flottait au-dessus de la tête de Vicente. Pour la guerre d’Espagne, c’est une colorisation standard, bien qu’un peu délavée. En revanche, pour les camps français, elle s’effectue dans les teintes sépia, qui correspondent bien à la nostalgie, à la solitude, bref aux sentiments du narrateur. Reste à savoir si le lecteur continuera à s’en sortir lorsqu’il y aura davantage de fonds. Côté dessin, si les décors sont d’un réalisme saisissant, le choix a été fait de l’anthropomorphisme pour les personnages. Les Espagnols sont donc dessinés sous les traits de chiens. Preuve de leur fidélité à la République ? Racisme de la part des Français ? Chacun sera libre de se faire son avis. Reste que ce choix apporte un côté enfantin au récit car, après tout, cette histoire, c’est bien celle qu’un grand-père racontait à ses petits-enfants. De ce fait, cet ouvrage est accessible au plus grand nombre.
 
À travers un récit extrêmement bien construit et des choix graphiques judicieux et assumés, Pau rend un vibrant hommage à son grand-père. Un héros qui servit sous 5 drapeaux et qui nous raconte sa guerre d’Espagne. Un album qui inaugure une série attachante autant qu’instructive.


Cédric
Chroniqueur
La Bande Du 9


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