La bande du 9 : La communaut du 9ème art

C’est l’heure des changements pour les frères Rubinstein. Il y a la grossesse de Rivka, l’épouse de Sal, leur prochain film et le voyage de Moïse.
La fin approche et les solutions ne font jour petit à petit dans ce cinquième épisode de la biographie des frères Rubinstein. Toujours aussi efficace!
 
1936, le tout Hollywood se presse dans la villa de Gabriel Silveira afin de célébrer son anniversaire. Pour la prestigieuse créatrice de vêtements et de parfums, c'est l'occasion de parader au bras de son nouvel, et tout jeune, homme de confiance : Moïse Rubinstein. Malheureusement, le jeune homme a accepté le poste sans savoir qu'il comportait une clause secrète : satisfaire les moindres désirs de sa patronne ! Et c'est une nouvelle fois le frère de Moïse, Salomon, qui accourt afin de trouver une solution. C'est bien la moindre des choses puisque c'est lui qui avait négocié le contrat de son cadet. Ivre, la vieille dame finit par s'endormir et, au réveil, elle a tout oublié. Heureusement car Salomon a d'autres chats à fouetter. Il y a son nouveau long-métrage, qu'il réalise avec Rivka, son épouse. Il y a la grossesse de cette dernière. Il y a surtout l'obligation de retourner certaines scènes d'Une enfance volée. En effet, la Warner Bros a cédé aux dirigeants nazis afin d'être à nouveau projetée en Allemagne. Pour Moïse, cette acceptation est un véritable pacte avec le diable et il s'en ouvre à Horace Warner. Contre toute attente, ce dernier est convaincu par les arguments de Moïse, il va même lui proposer un deal...
 
Mais pourquoi diable, alors qu'il menait une vie confortable à Hollywood en 1936, Moïse Rubinstein s'est retrouvé, huit plus tard au camp de Sobibor ? Cette question, cela fait quatre tomes qu'elle obsède les lecteurs. Mais n'allons pas trop vite. Ce cinquième opus s'ouvre sur une fête magnifique, à l’image de celles de Gatsby. La richissime Gabriel Silveira fête son anniversaire et présente son nouveau joujou : Moïse ! Seulement, la fête vire au cauchemar lorsque ce dernier refuse les avances de sa patronne et il faut l'intervention de Salomon pour que la situation retrouve son calme. Par la suite, on va continuer à suivre l'évolution des deux frangins dans le Hollywood d’entre deux guerres. Pragmatique, Salomon vit au jour le jour, s’accommode des velléités antisémites imposées par les dignitaires nazis aux studios Warner. De son côté, Moïse est nettement plus vindicatif et refuse toute compromission. C'est d'ailleurs là que se trouve la solution à la fameuse question : l'intransigeance ! D'une certaine façon, les frères Rubinstein répondent à l'interrogation que posait Jean-Jacques Goldman : « aurais-je été meilleur au pire que ces gens ? ». La série nous replonge sans concession dans cette période et nous donne les clefs pour comprendre pourquoi rien ni personne n'a réussi à arrêter Hitler. Une nouvelle fois, Luc Brunschwig ne se contente pas de dérouler son intrigue de manière chronologique puisqu'il y insert un grand nombre de prolepses. On peut faire même affirmer que l'intrigue se déroule en deux temporalités. C'est ainsi que l'on se retrouve en 1944, au camp de Sobibor dans lequel Moïse officie en tant que coiffeur, un camp qui n'a jamais été aussi proche de l'explosion ! Le tout est toujours mise en images par Étienne Le Roux et Loïc Chevallier. Le travail à quatre mains est une réussite. Le trait semi-réaliste colle à la perfection à cette intrigue historique. Les personnages sont toujours aussi charismatiques, expressifs et identifiables. Les décors sont toujours sans concession montrant l'opulence hollywoodienne comme la misère et la terreur des camps de concentration. Enfin, la colorisation d'Elvire De Cock marque à la perfection cette double temporalité. Avec elle, impossible de s’égarer dans les couloirs du temps.
 
L’étau se resserre sur les frères Rubinstein. Et les réponses à toutes nos questions n'ont jamais été aussi proches. Si la fin se rapproche, cela en est presque dommage tant la série conserve toutes ses qualités.

x J'aime