La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Si Joana donne toujours l’impression que tout va bien, c’est grâce à la drogue. Mais lorsque son corps lui intime l’ordre d’arrêter de faire semblant, la jeune femme n’a d’autre choix que de l’écouter.
Un album bouleversant sur un sujet de société et un magistral plaidoyer contre les addictions !
 
Joana est une jeune parisienne bien dans son époque. Férue de musique, elle prend des leçons de chant et joue dans un groupe. Mais Joana porte un lourd secret. Depuis plusieurs années, Joana est dépendante à la cocaïne qu'elle sniffe dès le petit-déjeuner. Bien sûr, elle est consciente de se détruire mais la drogue l'aide à compenser le vide causé par l'absence du père. La drogue lui donne des ailes, elle lui donne l'impression d'être vivante et que tout va bien. Sauf qu'un beau jour, le corps de Joana dit Stop! Joana n'a plus le choix: si elle veut continuer à vivre, elle va devoir combattre son addiction. Dans cette lutte, elle peut compter sur Thomas, son professeur de chant mais aussi sur ses amis Sophie et Marc. Mais la cocaïne est une ennemie sournoise. Elle connaît les défaillances et les failles dans la volonté de Joana. Cela peut-être un chagrin d'amour ou une simple rencontre mais toujours la vie prouve à la jeune femme qu'elle a fait le bon choix.

Quand on s'appelle Balavoine et que l'on veut travailler dans le monde de la musique, on se dit que la vie va être douce et rythmée. Malheureusement pour Joana,  qui n'a jamais connu son père, ce nom est une grosse pression. En plus du manque de la figure paternelle, elle perçoit une immense attente de la part de ses interlocuteurs. Pour soulager ces défis, Joana est tombée dans la drogue. Et puis, un beau jour, la jeune femme décide que c'est fini! Oh, bien sûr la lutte est rude car la cocaïne est une ennemie  extrêmement rusée mais Johanna s'en sort. Mieux, elle a décidé d'aider tous ceux qui, comme elle, se sont laissés engloutir et de sensibiliser tous les autres afin qu'ils ne fassent pas la même erreur. C'est cette lutte que Sylvie Gaillard nous raconte à travers ce bouleversant album. Comme Joana Balavoine nous le précise dans un émouvant postface illustré, le format BD (malgré ses 86 pages) oblige à des raccourcis et à romancer quelque peu son véritable itinéraire. Tout le talent de Sylvie Gaillard a donc été de capter l'essence même de ce témoignage et d'en faire autant une histoire forte qu'un plaidoyer à destination de la Jeunesse et des parents. C'est comme cela que l'on suit les ultimes moments de la descente aux enfers de Johanna. Puis, puisque elle a touché le fond, on va assister à ses côtés ainsi qu'à ceux de ses proches à sa Renaissance. Cette dernière étant tout de même parsemée d'embûches. Cette histoire poignante méritait une mise en images à la hauteur et le moins que l'on puisse dire c'est que Fanny Montgermont a relevé le défi avec brio. Avec un style réaliste sans concession, la dessinatrice ne cache rien de la destruction corporelle de la jeune femme  après les quelques instants d'un bien-être artificiel. Elle s'affranchit des cases tant pour montrer le malaise que pour nous laisser ressentir l'humanité et l'amitié des soutiens de Joana. Son trait vif et précis rend un merveille la complexité des personnages et leur évolution. Travaillant en couleur directe, la dessinatrice réussit aussi à distiller les émotions et laisse transparaître une lumière au bout d'un long et effrayant tunnel.

Les lions endormis est donc un album bouleversant sur un fait de société. C'est l'occasion de démythifier un nom et de mettre en garde toute une jeunesse face au ravages des drogues. Un album incontournable!

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