La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Lorsque Solange propose à Amir, un jeune réfugié syrien de l’héberger ; elle sait pertinemment que le racisme de son père, restaurateur dans la tourmente du covid, va être Le problème. Mais lorsque Marcel tombe malade, le jeune homme prend une autre tournure.
Un récit d’un profond humanisme qui porte haut l’étendard de la solidarité !
   
Solange est infirmière. Quelque peu délaissée par Jack, son mari, elle s'investit dans les maraudes du Samu Social. Amir est syrien. Réfugié en France, il passe le squat en squat. Un soir, Solange rencontre Amir. Elle prend le temps de l'écouter. Quand Amir perd le peu qu’il lui reste dans un incendie, Solange propose spontanément de l'héberger, de lui faire une place dans son petit monde. Immédiatement, le jeune syrien est intégré à la famille de Solange. Jack s'avère enthousiaste. Enthousiasme plus ou moins partagé par les enfants et Helena, la sœur. Le véritable problème vient du père, Marcel. Restaurateur au racisme profondément chevillé au corps, il ne rate jamais une occasion de critiquer, ne renâcle jamais sur une vacherie. Il faut dire que le jeune homme adore cuisiner et cela change les habitudes de la famille. Dans le même temps, le covid complique beaucoup la vie du restaurant. Alors, lorsque Marcel tombe malade, la solution Amir semble couler de source…

La France, comme d'autres démocraties, n'a que rarement connu un tel clivage. Je ne parle pas de la réforme des retraites mais bien des migrants et de la différence d'accueil qu'il leur est faite. Il n'est qu'à voir ce qui s'est passé récemment à Callac, en Bretagne. Cet album ne réconciliera malheureusement pas les deux camps mais il montre que l'humanité est encore capable de faire preuve de solidarité et de fraternité. Pour les indécis, c'est véritablement un uppercut en plein estomac. L'album débute par un portrait de famille. Marcel, restaurateur dans la tourmente du covid préfère critiquer l'accueil des réfugiés syriens plutôt que de blâmer le virus. Pour Solange, sa fille ainée, infirmière investie dans les maraudes du Samu social, il est du devoir des Hommes de prendre soin des autres. Entre les deux, il y a Jack et les enfants de Solange. Il y a surtout Helena, la cadette. Et puis un jour, un peu par provocation, beaucoup par conviction, Solange décide d’accueillir chez elle Amir, un réfugié syrien qui a tout perdu dans l'incendie d'un squat. Pour tous, c'est un véritable chambardement. Mais face à la douceur, à la gentillesse et à l’envie de s'intégrer d'Amir, toute la famille tombe sous le charme. Bien sûr, cela se fait par étapes et ce sont elles qui jouent le rôle de péripéties. Séverine Vidal aurait pu s'arrêter là mais la scénariste donne également la parole à Amir. Enfant de Syrie ayant fui les persécutions, il n'a plus de pays. Plus tout à fait syrien, pas réellement français et parfois espagnol, Amir nous livre, en même temps qu'à Helena, la dure réalité des migrants. Et paf ! deuxième coup dans la mâchoire ! Côté dessin, Adrian Huelva prolonge le trait qui a fait le succès de U4. Mélangeant les influences et les styles réaliste et caricatural, le dessinateur  espagnol donne une âme, une profondeur à ces personnages. Certains nous sont sympathiques, d'autres beaucoup moins ! Si la qualité graphique connaît quelques baisses de régime, tous sont  cependant facilement identifiables et c'est l'essentiel. La construction, relativement classique basée sur des gaufriers néanmoins variés est rythmé par des recettes de plats moyen-orientaux. C'est plutôt bien fait. Au final, l'album donne à voir la solidarité en opposition au racisme plus qui ne nous intègre dans la vie des protagonistes.
 
C'est donc un ouvrage humaniste qui ne cache rien de la difficile intégration et de la construction d'une nouvelle identité des migrants. Un ouvrage à ne pas rater.

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