La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Un matin de gueule de bois, Daphné découvre que tout ce qu’elle voit a désormais en rapport avec le sexe ! Est-ce pour autant le début d’une journée prometteuse ?
Un trio de femmes livrent une vision de la libido, du désir au féminin avec beaucoup de gaieté et de naturel dans cet album aux allures psychédéliques déjanté ! Un album à ne certes pas mettre entre toutes les mains mais absolument jubilatoire !
 
Lorsque le réveil sonne,  Daphné n'a qu'une envie : le balancer contre le mur. Il faut dire que la soirée de la veille a été particulièrement arrosée. Arrosée et agitée puisque Daphné s'est enfin décidée à aborder l’étalon qui la fait fantasmer depuis quelques mois. Et puis, il y a cette pilule qu’il lui a offert et dont elle ignore tout. Mais en ce matin de gueule de bois, « la tête dans le cul, le cul dans le brouillard », Daphné se rappelle qu'elle a une présentation et qu'elle est déjà en retard. Si elle est pressée, elle n’en remarque pas moins que l'arbre devant lequel elle passe tous les matins a changé :  il a désormais une forme de sexe ! Elle n'a cependant pas le temps de s’en étonner. C'est alors que dans le bus, une simple conversation entre deux petites grand-mères, à propos de leur rhumatisme, vire à la scène de masturbation la plus torride qui soit. Daphné comprend ce qui lui arrive : tout ce qui évoque le sexe, de près ou de loin, prend forme sous ses yeux et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle a l'esprit mal tourné ! Daphné, pleine d'incompréhension, va aller consulter sa meilleure amie et médecin. Si elle lui conseille de rentrer chez elle et de prendre du repos, elle est loin de s'imaginer que le chemin du retour va se transformer en un film psychédélique à forte connotation porno. A moins que ce ne soit le contraire…

Dans ce monde où la pornographie est devenue un bien de consommation presque courant, où il suffit de quelques clics de souris pour avoir accès aux scènes les plus trash, certains font de la résistance. C'est le cas de la collection Porn’pop chez Glénat. Cette fois-ci, c'est un one shot orchestré par un trio de femmes : Clotilde Bruneau au scénario, Isa Python au dessin et Scarlett à la couleur. Le point de départ de cette histoire loufoque : c'est l'esprit mal tourné ! En effet, qui ne sait jamais amusé à prendre pour argent comptant certaines expressions ? qui n'a jamais sorti une conversation somme toute banale de son contexte pour en faire une scène beaucoup plus osée ? Pour Daphné, ce petit défaut va devenir une réalité. Dans ses yeux, tout va devenir une référence au sexe. Absolument tout ! Passé la surprise, Daphné va passer par toutes les étapes de l'ascenseur émotionnel. C'est là le tour de force des auteures : parler de sexe, parler du désir féminin sans vulgarité mais avec réalisme. Et ce n'est que justice. Après tout pourquoi le désir ne serait-il que masculin ? Et puis, elles le font de façon décomplexée certes mais aussi avec énormément de gaieté et un petit (un gros !) côté psychédélique. C'est simple, on a presque l'impression de regarder Emmanuel sur All is love de Roger Glover ; une véritable plongée à l'époque de l'amour libre. Cette liberté, on la retrouve naturellement dans le trait doux d’Isa Python. Délaissant Marie-Antoinette, la dessinatrice semble s'être éclatée à mettre en scène phallus et autres vulves. Une nouvelle fois, rien de vulgaire mais un voyage aux frontières de la bien-pensance. D'autant que la colorisation de Scarlett ne laisse aucun doute sur les hallucinations et la réalité.

Le féminisme aujourd'hui c'est certainement donner plus que les mêmes droits aux deux sexes, y compris en ce qui concerne la sexualité le désir. Ce Mal tournée !, c'est dès lors un véritable manifeste féministe réalisé avec énormément de justesse, de finesse et une sacrée dose de folie.

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