La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Melvina n'est plus la petite fille que nous avions quitté lors du précédent tome. Elle est dorénavant en proie à de nouveaux tourments, propre à son âge. Un second tome très attendu dans la lignée de son prédécesseur. Une quête initiatique dans un univers fantastique à nouveau face à l'adversité, plongé dans la morosité.
 

  Depuis quelque temps, Melvina n'est plus dans son assiette, elle est méconnaissable, comme si depuis son retour d'Aldiqua, quelque chose en elle s'était brisé. Et comme si cela ne suffisait pas, Aldiqua et ses étranges habitants semblent l'avoir totalement oublié, la laissant sans nouvelles. Pourtant, il y a peu de temps, c'était bien différent, au contraire, leurs destins semblaient être inévitablement liés. Mais elle est à des lieux de se douter de ce qui se trame, car Aldiqua tout comme elle subissent les mêmes tourments. Ainsi, là-bas tout comme dans la tête de Melvina, la morosité et la mélancolie se sont installés. Le silence et le froid gagnant inlassablement du terrain. Malcapé, que l'on pensait disparu, serait-il la source de tous ces malaises ?
Une chose est sûre, ce n'est qu'en se rendant sur place que Melvina pourra prendre la mesure des dégâts, accompagné bon gré mal gré par Otto son ami des premiers jours. Là-bas, en route pour retrouver Ben, suite à la lettre laissée dans le livre des retours, leur chemin croisa celui d'un prénommé Germain : un bien étrange personnage aux multiples facettes. Ayant pris connaissance du poison qui contaminait Aldiqua, Melvina, épaulée par sa troupe de fortune, devra œuvrer une nouvelle fois au sauvetage de cet univers fantastique. Cependant, cette fois-ci, elle devra plonger au cœur d'un nouveau monde, un monde obscur, un monde qui la confrontera à ses propres démons. Parviendra-t-elle à déjouer les pièges jalonnant sa quête ? Saura-t-elle faire preuve de discernement et triompher du malin et fourbe Malcapé ?
Rachele Aragno signe le second tome de sa série "Melvina", et je dois avouer l'avoir lu non sans une certaine excitation. En effet, le premier tome m'avait laissé un souvenir des plus agréable et il me tardait donc d'en découvrir la suite. Et très franchement, je n'ai pas été déçu. Ici, à la manière de JK Rowling, Rachele Aragno fait grandir Melvina en même temps que son lectorat. Elle est soumise aux mêmes maux que tous les autres jeunes gens de son âge : l'adolescence. Cette période difficile mais essentielle et transitoire conduisant l'enfant vers l'âge adulte. Une période faite de doute, d'incertitude, de soif d'indépendance et parfois de morosité et de difficulté à communiquer avec ceux qu'on aime. Un âge où les échanges à l'autre sont parfois délicats et où on a souvent l'impression d'être mal compris, désarmé face à telle ou telle situation. Le fer de lance de la série est respecté, Melvina se nourrit de ses rencontres et de chacune des épreuves qu'elle peut traverser, la rendant plus forte et grandit. Elle s'enrichit également de ses erreurs parfois liées à son manque de discernement. Car ici la morale nous renvoie à la nécessité de savoir bien s'entourer, de savoir qui écouter et sur qui compter. Car dans la vie, on a toujours besoin des autres pour s'élever.
Un superbe conte initiatique magnifiquement illustré par un trait fin colorisé à l'aquarelle, un trait parfaitement adapté à un jeune public et qui fait mouche. Un album où l'auteur se livre, s'ouvre et nous conduit vers un monde qui semble être terrifiant, mais d'où nous revenons en nous disant qu'il n'était finalement pas si horrible. Il fallait juste en faire l'expérience le digérer puis finalement l'assimiler.
Un magnifique conte initiatique à mettre entre les mains de tous les enfants qui grandissent trop vite.